Des jeunes corps d’enfants nagent joyeusement, envoutés par la filigrane poreuse et opaque d’une eau dense aux tons pastel animés par un vert bleuté vibrant et saturé. Eau dansante, plongée artificiellement dans une texture granuleuse et plastique rappelant les coups de pinceau épais et courts des tableaux de Claude Monet. Esquisse d’une ambiance impressionniste où chaque corps, malgré le mouvement imprimé par l’insertion de contours flous, émerge du cœur de la scène figé dans une pose dramatiquement sculpturale et instantanée.
C’était la série Nymphéas, par où on entre dans l’expérimentalisme doux et le classicisme formel de l’univers artistique de Sandrine Hermand-Griesel, photographe française installée aux États Unis depuis 2006, lauréate en 2005 du prix spécial de la critique Kodak pour la série intimiste de portraits Nocturnes. Sandrine Hermand-Grisel est une artiste qui se veut héritière des principes conceptuels et techniques revendiqués par le Pictorialisme historique de la fin du XIXe siècle, dont elle poursuivra le choix d’une intervention artificielle manipulant l’esthétique de l’image photographique, et visant à la recréation fictive d’un aspect abstrait et pictural issu des éléments figuratifs du modernisme européen.