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Scot Sothern – Then and Now

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Ce que Scot Sothern faisait c’était… du reportage d’un autre univers. Ses premières photos, les vingt premières années ont été consacrées à l’enfer du trailer, une vie que vous ne voudriez pas rendre visible ni qui soit offerte à vos yeux. Preuve vivante de la face cachée des choses, Scot Sothern était à cette époque un photographe de célébrités, qui prenait du crack et qui, avec son appareil photo, pointait une réalité sombre et différente.

Mais ce n’est pas toute l’histoire. Le Scot qui a pris ces photos était un jeune homme nourri à l’alcool et aux drogues. Le Scot d’aujourd’hui est un survivant attentionné au regard brillant, qui parle doucement. Ses nuits tardives dans les ruelles urbaines sont derrière lui, mais son désir d’explorer ce qui se passe lorsque les hommes et les appareils photo se rencontrent de manière inattendue demeure.

Scot est assis sur un seau en plastique rouge retourné, au cœur du trafic de Hollywood Boulevard, interpellant les passants : « Eh, regardez-moi… Eh ! »  Il prend des photos avec son appareil jetable. Il garde des vêtements miteux et usés pour ces expéditions dans sa voiture. Il les porte pour avoir l’air d’un SDF vous prenant en photo et non le contraire. Les touristes qui affluent sur le boulevard sont pour la plupart déconcertés ou ne remarquent rien. Mais de temps en temps, ils collaborent, ils retournent l’invitation, ils prennent l’air renfrogné, lèvent le doigt ou sourient. Ils deviennent une personne dans la masse et pendant une seconde ils sont… là. Scot a toujours demandé aux gens devant son appareil d’être “là”. En échange, il les a traités comme de vrais partenaires dans la photo. Ses photos sont parfois dures à regarder, mais pas parce qu’il a une attitude par rapport à ses sujets : il les laisse juste être eux-mêmes dans le monde dans lequel ils vivent… et il nous les amène ensuite pour qu’on y réfléchisse.

Après avoir passé de nombreuses années à travailler dans l’obscurité, Scot a, il y a quelques années, capté l’attention du monde de l’art. Avec maintenant deux livres publiés, une rubrique régulière dans Vice et une nouvelle exposition de ses tirages vintage qui vient de commencer à New York, il confronte la distance entre ce qu’il était quand il a débuté et ce qu’il est devenu depuis. J’en ai récemment parlé avec lui.

Que voyez-vous lorsque vous regardez vos anciens travaux ?
De la composition, de la lumière, de l’exposition. Je vois toutes les petites corrections que je ne peux faire. Je me vois plus jeune et perturbé dans les plus vieilles photos et je vois un regard plein d’empathie pour le fardeau des perdants-nés. Parfois, je regarde mes photos de ma vie misérable et je deviens nostalgique. Ça semble être bizarrement romantique.

Quel a été le plus grand changement pour vous au cours des années ?
A la fin des années 80, j’ai eu un frein physique — le résultat d’un accident de moto — qui m’a ralenti et a limité ma mobilité. Ça a été un grand changement. Je me suis marié en 1991 pour la dernière fois et j’ai été un père au foyer pendant quelques années. J’ai beaucoup lu, j’ai appris à écrire et j’ai collectionné les lettres de rejet pendant toutes les années 90. En 2011, j’ai eu ma première exposition, Lowlife, à la drkrm Gallery à Los Angeles, et avec ça, on a commencé à un peu me remarquer. J’ai publié un livre, Lowlife, avec Stanley/Barker au Royaume-Uni et ensuite des mémoires, Curb Service, chez Soft Skull Press. Maintenant, je prends des photos et j’écris des histoires et je suis payé pour ça. Le plus grand changement, c’est que je suis finalement devenu fonctionnel. Le monde est plus foutu qu’avant, mais je me sens plutôt bien.

Dans quelle mesure la rue est-elle différente maintenant ?
C’est toujours déprimant et toujours beau, surtout la nuit. Les gens de la rue ne font plus confiance à des gens comme moi et pour une bonne raison : ils ont été surexploités et je crois qu’ils en ont honte. Dans les années 60 et 70, on avait des clochards, des hippies, des junkies. Dans les années 80, quand j’ai pris les photos de Lowlife, j’ai vu plus de marché noir et beaucoup d’idiots. Maintenant, nous avons abîmé et jeté les gens de la rue comme des emballages de McDo. C’est beaucoup plus déséquilibré qu’avant.

De quelle manière vos photos ont-elles changé ?
Quand j’ai eu 20 ans, je gagnais ma vie en tant que photographe de portraits ordinaire. J’ai commencé avec de grands appareils photo et des lumières de studio, et je faisais des grimaces pour faire sourire les gens. A un moment magique, j’ai décidé d’avoir une approche plus artistique, et par conséquent, j’ai arrêté de vraiment gagner ma vie. J’ai travaillé avec toutes les différentes sortes d’appareils photo, de pellicules et de processus, et je n’en ai pas vraiment de préféré. En ce moment, j’utilise des appareils jetables. J’ai toujours eu une attitude je-m’en-foutiste et ça se voit dans la plupart de mes travaux, anciens et nouveaux.

Quelque chose à propos du projet actuel ?
J’ai traîné avec des SDF et des gens qui ont faim sur Hollywood Boulevard et j’ai photographié les passants. Il s’agit en partie de voir comment les gens fortunés réagissent par rapport à des gens moins fortunés et comment ils les rendent invisibles. Il s’agit aussi de la manière dont les gens réagissent par rapport à moi, assis sur un seau retourné et criant : « Eh, regardez-moi ! »

Pouvez-vous nous parler de votre exposition à la Daniel Cooney Fine Art à New York ?
A la fin des années, 80, j’avais les négatifs de six années de photographie de prostituées et j’avais une petite chambre noire installée dans le bungalow de Los Feliz de ma future épouse. J’ai tiré 30 des photos de Lowlife en petites images horizontales sur des feuilles verticales de papier Kodak Ektalure 8×10. En 1990, je les ai montrées à des galeries et des musées, sans succès. Un type d’une grande galerie photo m’a dit qu’elles étaient bonnes, mais que je devais d’abord être célèbre. J’ai mis les tirages dans une boîte et je les ai rangées. Je les ai ressorties il y a deux mois. Elles sont vintage et unique et elles auront l’air très cool sur le mur d’une galerie.

www.scotsothern.com
www.danielcooneyfineart.com/www.vice.com/tag/scot+sothern

http://andyromanoff.zenfolio.com/

 

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