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Saul Leiter – Le photographe peintre

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Toute généalogie des idiomes de la photographie pré-numérique doit reconnaître les caractéristiques du travail de Saul Leiter qui n’étaient pas remarquée à l’époque. Il a pris des clichés depuis des points de vue étranges, comme des fenêtres embuées ou avec des  rideaux à demi tirés, a capturé des aperçus de piéton en mouvement et a joué avec les ombres de la rue comme un auteur de film noir. Ses scènes floues et granuleuses se rapprochent de l’abstrait.

Il n’y avait pas d’argent pour rien de tout cela à New York après la Seconde Guerre mondiale. Après une coupure de courant et la mise en gage de son appareil photo, Leiter a eu droit à un grand tournant, des series de mode pour Harper’s Bazaar à la fin des années 50. Au cours de la dernière année de cette décennie, son travail a paru dans 11 des 12 numéros du magazine: les factures pouvaient être payées; le rachat chez le prêteur sur gages finalisé.

Le style caractéristique de Leiter – il est resté un photographe de rue dans l’âme – a retenu l’attention d’une industrie de la mode qui réclame des représentations originales de ses produits: les modèles étaient vues de loin, rarement de face, et si une diagonale ponctuait une pose – un parapluie ,un véhicule ou un lampadaire – alors tout allait bien. Un vêtement à la mode pouvait être reflété dans un miroir ou encadré par un feuillage. Leiter avait trouvé un créneau: «C’est comme manger des spaghettis. La première fois que j’en ai mangé, j’ai eu du mal à  gérer, mais à la fin du repas, je commençais à comprendre… Mon désir le plus cher était d’avoir assez d’argent pour payer mon loyer et ma facture d’électricité.

La photographie couleur de Saul Leiter est restée trop longtemps méconnue et sa première exposition a eu lieu en 1996, un demi-siècle après ses premiers travaux dans ce domaine. Bien longtemps avant que Stephen Shore et William Eggleston n’établissent la crédibilité de la photographie couleur auprès du  public. Leiter avait 80 ans quand son travail a finalement été publié en 2006; Margit Erb, dans cette belle rétrospective de son œuvre, appelle ses premières photographies «le chaînon manquant de l’histoire de la photographie couleur».

Saul Leiter était aussi un peintre et un bonus de cette belle publication sont les encarts de pages de son beau carnet de croquis de 1986 et un chapitre d’accompagnement consacré à ses peintures. Ce qui se passe est la manière dont le temps qui passe – la pure impermanence de tout – se fait discrètement sentir à la fois dans ses photographies et dans ses peintures. Ceci est sa revendication à notre attention et notre respect.

 

 

Saul Leiter, édité par Ingo Taubhorn et Brigitte Woischnik, est publié par Kehrer Verlag.
Couverture rigide avec banderole 22 x 26,4 cm 296 pages
155 illustrations en couleur et en noir et blanc anglais, allemand
ISBN 978-3-86828-258-0 2012

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