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Saro di Bartolo, le Confesseur de la Rue

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Triptyque, volet 02 par Thierry Maindrault

La confession photographique reste cet exercice, rare et périlleux, réservé uniquement à quelques photographes de grands talents, sous peine d’une médiocrité calamiteuse. Exceptionnel de repérer, dans les masses mouvantes de notre monde, ce – je ne sais quoi d’invisible pour tous – afin d’en extraire la « substantifique moelle ». Puis, de la proposer à la réflexion générale (enfin pour ceux encore capables de réfléchir). Ne pas confondre avec les traqueurs de personnalités, il n’est pas question ici de ceux qui vont voler une situation pour la jeter en pâture à la masse d’incorrigibles voyeurs.

Avec Saro di Bartolo, vous oubliez les tristes clichés saisis à la queue leu leu, pendant une promenade urbaine, sans aucun égard ni pour les sujets, ni pour les prises de vues elle-mêmes. Pour cet auteur, c’est l’observation absolue, la patience infinie et une maîtrise parfaite des outils pour la construction millimétrée de ses images. Aucun voyeurisme, un partage le lie avec ses sujets avec respect. Que le sujet soit humain, animal ou un simple objet, sa fixation photographique, qu’il en soit conscient ou non, emportera les lecteurs des images. C’est systématiquement le deuxième degré qui prévaut en laissant toute vulgarité et toute opinion en dehors de la réflexion. La photographie est capable de cela, Saro le montre et le démontre, nombreux sont tous les nouveaux cavaleurs après rien qui devraient en prendre de la graine.

Le trivial devient poétique, le pauvre devient convivial, le danger devient innocent, par la magie d’une photographie. Celle-ci est prise à un instant précis, avec une composition qui guide le regard, des couleurs qui consolent ou qui enragent, un diaphragme réglé avec précision, une lumière de circonstance qui signe les clichés de ce créateur. C’est ainsi, qu’un vrai savoir-faire nous offre des œuvres très simples, d’une complexité de réalisation technique extrême, accessibles à tous et adaptées au niveau culturel de chacun.

Que ses portraits soient en cadrages serrés ou en pied, solitaires ou en groupes, dans un environnement riche ou inexistant, la confession est toujours présente. La technicité de l’image se met au niveau et au service du sujet et de sa relation avec le photographe. Portraits volés, portraits posés, cette question (à mon avis souvent stupide) entendue mainte fois, n’existe plus avec Saro. Tout le monde s’en moque, ce sont ses œuvres qui s’imposent comme essentielles, et peu importe les « recettes de cuisine ». C’est du bel ouvrage photographique que toutes ces rencontres de la rue, autrement et ailleurs.

Thierry Maindrault

https://www.sarodibartolo.it/

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