Pour le grand public, ce dispositif a permis de mettre des visages devenus familiers derrière l’étiquette « soldat » et a fait revenir le militaire dans le quotidien. Pour les soldats, il s’agit d’une opération intérieure : sur le territoire, et pourtant éloignés de leurs familles, ils sont là par nécessité de rassurer mais pas nécessairement d’agir.
J’ai voulu ce projet pour aller au-delà des visages croisés quelques fractions de seconde au détour d’un passage en gare, en allant chercher les enfants à l’école, ou à l’entrée des sites chargés d’histoire dont Paris regorge. J’ai donc choisi de documenter la mission Sentinelle pendant un an, telle qu’elle était vue et vécue par ceux qui la font : tard le soir et tôt le matin, la semaine autant que les dimanches, pendant la canicule ou durant les épisodes de froid…
Ces éphémères silhouettes armées en uniforme kaki, noyées dans une foule de parisiens ou de touristes, vite croisées, vite oubliées, font partie du paysage : Depuis combien de temps sont-elles là ? A quoi ressemblent leurs journées ?
J’ai rencontré les militaires qui se sont succédés en Ile de France pour cette opération, partagé une part de leur quotidien, les chambres collectives, les réveils à 5 heures, les patrouilles interminables, les jours de repos travaillés, mais aussi les séances de sport collectifs, les instants de complicité, les moments de détente et de partage.