Avec ses archives comme matériau, Sandi Haber Fifield a composé des tableaux à plusieurs volets qui sont autant de brèves de vie, aussi personnelles qu’universelles. Aucun regard frontal ne vient s’imposer au spectateur, les visages étant le plus souvent tournés avec pudeur ou masqués par des chapeaux, vitres et autres paupières closes. Il est alors invité à se projeter dans ces saynètes, à imaginer des histoires vécues, vues ou rêvées dans chacun de ces ensembles. Les temporalités se mêlent, les triptyques ou quadriptyques reposent sur une cohérence de couleurs et de motifs dans une affirmation de leur logique avant tout émotionnelle. A ce titre, les formats les plus réduits, emprisonnant ces souvenirs dans leur cadre en bois naturel, sont plus touchants que les grands formats sur aluminium qui recouvrent certains murs de la galerie. Ils rompent en quelque sorte avec l’intimité du sujet. L’ensemble est pastel, évoquant des rêves rassurants et doux. Les fleurs y sont omniprésentes, sous différentes formes, physique, dessinée ou représentée, distillant dans l’ensemble une effluve simple de vie. Vu le mélange des approches esthétiques, on saisit rapidement que ces images ont été associées et combinées a posteriori, autant introspection de l’artiste que nouvelle interprétation d’une oeuvre variée mais très généralement lyrique allant des effets d’optique et jeux sur la perspective à la représentation d’oeuvres existantes, en passant par des portraits suggérés. Plus qu’analyse d’une oeuvre, de ses recoupements possibles et de ses éléments récurrents, ce travail d’associations est davantage une façon pour l’artiste de fouiller dans son passé et de le faire renaître dans le présent, de faire un point sur son parcours, de le revisiter et de ne pas laisser des bribes de vie disparaitre dans des archives accumulées. Une sorte d’aveu.
Laurence Cornet
Sandi Haber Fifield: After the Threshold
Exposition jusqu’au 15 juin 2013
Rick Wester Fine Art
526 West 26th Street
Suite 417
New York, NY 10001
USA
+1 (212) 255-5560