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Sam Haskins: Pour l’amour de Cowboy Kate

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Ludwig Haskins, fils de Sam Haskins, présente aujourd’hui à l’Université de Coventry, un film retraçant la vie et l’oeuvre de son père. A cette occasion, il nous a confié ces images et ce texte:

Sam Haskins (1926 − 2009), l’homme et sa carrière, étaient tissés de paradoxes.

Une figure phare de la photographie populaire du vingtième siècle qui venait d’une petite ville au beau milieu de l’Afrique du Sud.

Haskins était une personnalité dominante de la photographie des années 60 et un acteur clé durant cette décade de libération sexuelle. Il a influencé de nombreux photographes à New York, Londres, Paris et Tokyo alors qu’il travaillait dans un studio à des milliers de kilomètres de là, dans un petit immeuble industriel du centre de Johannesburg.

L’héritage de Sam comme photographe n’est pas reconnu par l’establishment au même titre que celui d’Avedon ou de Penn, mais son travail est « cité » plus régulièrement aujourd’hui, notamment dans le travail des photographes de mode, que celui de Penn ou Avedon, qui étaient tous deux des références pour Sam.

Après qu’il se soit installé à Londres en 1968, Haskins devint l’illustrateur couleur photographique le plus en vue de cette période et pourtant les images qui ont eu l’impact le plus durable pour inscrire son empreinte dans l’histoire sont ses noirs et blancs épurés, à exposition unique – la plupart datant des années 60.

Sam utilisait un diaporama (plus de 500 images moyen format) mis en musique pour captiver le public de conférences et d’ateliers dans plus de 50 villes pendant des décennies. C’était une véritable expérience photographique et un précédent historique très concret aux réseaux sociaux d’internet. Plus qu’un simple partage d’images, le diaporama était mis au point pour divertir, avec ses séquences d’images soigneusement harmonisées avec la musique. En fait, le diaporama de Sam était le condensé parfait, l’expression mature, de l’influence artistique qui avait marqué sa jeunesse : le cirque.

Dans la bourgade reculée où Sam grandit, Kroonstad, la seule manifestation culturelle était la visite biannuelle du cirque. Et cette expérience infantile d’être transporté dans un monde magique et sombre de fête, d’illusion, de drame, de danger, de vie sauvage, d’entractes clownesques et de prouesses athlétiques – en substance l’exécution de tours apparemment impossibles basés sur un entraînement incessant – le tout sur fond d’orchestration musicale, a donné le jour aux valeurs artistiques qu’il a continué de chérir tout au long de sa vie. Le diaporama de Sam était son propre cirque individuel itinérant.

Les idées originales – généralement créées au studio – prirent une importance obsessionnelle pour Sam. Et pourtant, sa signature artistique reconnue et les images qui ont défini son héritage ne venaient pas de sa poursuite consciente de la « nouveauté » mais simplement de séances très instinctives réalisées avec un modèle dans son studio.

Son livre le plus important dans l’histoire de la photographie a été sa première publication. Five Girls, sorti en 1962, libéra le nu de ses clichés. Avec Five Girls, Sam offrit au monde de la photographie l’un des plus beaux cadeaux qu’on puisse lui faire – la permission ! La grande photographie ne capture pas seulement l’esprit d’une époque tout en proposant quelque chose de neuf à propos du médium en lui-même, elle donne essentiellement la permission de voir, penser, sentir, les formes et les valeurs d’une nouvelle façon, et détruit les barrières de différentes sortes ; perceptive, sociale, empathique, et sexuelle.

Son livre suivant, Cowboy Kate and Other Stories (1964) était le premier livre photo à utiliser la forme narrative et probablement l’album le plus vendu de tous les temps, avec quasiment un million de copies écoulées au bout du compte. Kate, comme on le surnomme affectueusement, est aujourd’hui encore, quelques 50 années plus tard, l’une des références stylistiques les plus marquantes non seulement en photographie mais pour les faiseurs d’images de toute sorte.

Le troisième livre de la trilogie des années 60, November Girl, est décrit par certains galeristes avec lesquels j’ai pu discuter comme leur album photo favori, mais il est souvent éclipsé par le fabuleux succès de Kate. Sam réalisa cinq autres livres, le dernier étant Fashion Etcetera en 2009. Entre 1970 et 2000, il produisit également plus de 30 calendriers et même s’ils étaient des commandes commerciales, ils étaient tous basés intégralement sur les concepts de Sam et placés sous sa direction artistique. Malheureusement, même si les calendriers permettaient d’être publié régulièrement à échelle mondiale, et d’agrandir son aura dans un monde pré-internet, l’objet en lui-même restait implicitement jetable.

Malgré le fait qu’il ait rencontré des milliers de personnes durant sa carrière et soit resté marié à sa femme Alida, il vivait une existence très secrète, n’ayant quasiment aucun ami, et mourut seul chez lui le 26 novembre 2009. Comme dans le cas de nombreux artistes, la pleine valeur de sa contribution n’a été perçue qu’après sa mort.

Ludwig Haskins, mars 2012.

Ludwig Haskins, le fils de Sam, parle de la carrière de son père et de sa vie – à l’université de Coventry. Un podcast illustré et un Vimeo de 90 minutes qui est aussi disponible en ligne à partir d’aujourd’hui, 15 mars 2012.

Téléchargement du podcast :
Sam-Haskins-talk-by-Ludwig-2011.m4a

Coventry University Photography : photography.covmedia.co.uk

Coventry University PicBod (Picturing the Body) free open course : www.picbod.covmedia.co.uk

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