Chaque année, le festival les Photaumnales habille le territoire des Hauts-de-France de photographies. Pour cette 21e édition, qui se tient du 21 septembre au 31 décembre 2024 le thème est gourmet : « Festins ! La photographie à table ». En marge de ce fil rouge et pour célébrer la Saison de la Lituanie en France 2024, le festival a tenu à mettre à l’honneur son partenaire de longue date, le Kaunas Photo festival. Une partie de la programmation est consacrée à la photographie lituanienne patrimoniale et contemporaine à travers la région.
Le cœur de cet hommage se tient au musée Opale-Sud de Berck-sur-Mer, qui accueille une kyrielle d’expositions mêlant les genres et les époques. Dovilė Dagienė expose sa série commencée en 2015 dont les œuvres évanescentes, liées au monde organique et aux plantes, sont une exploration de la mémoire historique et de l’oubli, en lien avec l’imaginaire. Plus loin, Zenonas Boulgakovas transcende la morne banalité de la Lituanie soviétique en images poétiques et humanistes dans une chronique visuelle de la ville d’Alytus qui révèle également la démarche sociologique et anthropologique du photographe.
Humanistes eux aussi, les clichés de la vie quotidienne immortalisées par les photographes Tadas Kazakevičius et Artūras Morozovas s’inscrivent dans l’immense héritage laissé par l’école lituanienne de photographie au XXe siècle. Les œuvres de Domicėlė Tarabildienė nous plongent quant à elles dans la Lituanie indépendante de l’entre-deux-guerres. Une imagerie étonnante, où le montage est un catalyseur pour l’imagination tandis que les mises en scène audacieuses lui permettent d’incarner différents rôles de femmes.
Plus tardive, la série de Vytautas V. Stanionis est un miroir de la Lituanie à un moment charnière de son histoire, celui au début des années 2000, où le pays allait rejoindre l’Union Européenne. Si cette adhésion prochaine marquait l’entrée dans une ère de stabilité, beaucoup d’habitants tenaient à garder une trace de la vie vécue jusqu’ici. Vytautas V. Stanionis a parcouru le pays pour immortaliser ce passage du passé au futur. Ses images constituent les premiers travaux documentaires sur la Lituanie en couleur.
L’imaginaire est aussi au centre de la pratique d’Algis Griškevičius qui transpose ses rêves dans le domaine du réel et ce, sans passer par le numérique : « Car pour photographier ce que l’on imagine, il faut le réaliser dans la réalité, c’est-à-dire défier les lois de la physique, utiliser les inventions de l’humanité, devenir ingénieur. Grues, cordes, pierres lourdes et corps humains, peaufinage: tout cela est un travail lent et probablement fastidieux, dont le but est de capturer l’imagination comme si c’était la réalité. » Ces tableaux fantastiques sont à découvrir au centre d’art le Safran, à Amiens.
Au Parc Saint-Pierre, le long du Canal de la Somme, les visiteurs ont rendez-vous avec la nouvelle génération, celle née entre 1995 et 2001, dans le parfum de liberté qui régnait au lendemain de l’indépendance du pays. Ces jeunes biberonnés au numérique et aux réseaux sociaux, qui constituent la première génération de lituaniens à partir étudier à l’étranger, restent tous très attachés à leur pays d’origine et ses valeurs. Une génération double dont la photographe Elena Krukonytė, elle-même née en 1998, dresse un portrait fascinant.
Plus d’informations :