À l’occasion de la Saison de la Lituanie, le Jeu de Paume dévoile deux séries récentes de la photographe Gerda Paliušytė dans une exposition à découvrir jusqu’au 10 novembre.
Pour sa première exposition en France, Gerda Paliušytė (née en 1987) fait dialoguer deux séries : Guys et Blue Flowers. Commencées à un an d’écart, elles ont été imaginées par l’artiste lituanienne pour être présentées ensemble, comme une seule œuvre. Les deux sont une exploration autant qu’une remise en question de genres bien connus de l’histoire de la photographie — le nu et la photographie de fleurs — longtemps associés à une perception genrée de la société.
Guys donne à voir des corps masculins nus, fragmentés jusqu’à l’abstraction. Le rond d’un dos ou des morceaux de mains : fondus dans leur environnement, ces corps perdent leur identité et leur genre pour ne rester que des êtres humains. Gerda Paliušytė laisse ici la relation entre le photographe et son sujet ouverte afin de privilégier une présence intime plutôt qu’un regard voyeur.
Les nus de Guys répondent à des fleurs injectées de bleu photographiées en gros plan pour Blue Flowers. Ces macro-portraits de fleurs qu’elle considère comme des « objets industriels » évoquent des corps érotiques marqués par le temps. S’ils jouent avec le flou des contours ou des traits, c’est pour signifier un refus de la perfection que l’on a souvent associée aux fleurs et par extension aux femmes, dans la tradition photographique.
Dans cette exposition, la photographe lituanienne entend explorer la question de l’espace personnel et de l’intime, « souligner l’espace que nous nous donnons les uns aux autres et aussi la possibilité d’une coexistence même si elles ne répondent pas à nos attentes personnelles et collectives. » Une installation vidéo présentée dans une salle délimitée par des ouvertures non accessibles et un moyen pour elle d’incarner de manière physique « les limites de la proximité explorée dans ces séries photographiques. »
La scénographie minimaliste de l’espace du Jeu de Paume Tours souligne toute la sensibilité de Gerda Paliušytė. Si ce dialogue aérien et élégant transcende la beauté des erreurs photographiques et le potentiel poétique de cette technique mécanique, il souligne également le regard très personnel de la photographe sur des genres photographiques sclérosés par l’Histoire et très largement ancrés dans la politique du genre. Un regard qui nous encourage à adoucir notre propre perception du monde et de ces questions.
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