À l’occasion de l’exposition Hannah Darabi – Rue Enghelab, La révolution par les livres, Iran 1979-1983, L’Œil de la photographie revient en images sur 5 ouvrages présentés au BAL. Voici Les Murs parlent par Saïd. Autoédité par le Mouvement pour la liberté, en 1979.
Préfacé par Ali Asghar Haj Seyyed Javadi, écrivain alors proche des Moudjahidines du peuple, cet ouvrage présente les photographies d’un auteur connu sous le nom (ou pseudonyme ?) de Saïd.
Ce travail documente les différents slogans et les phrases qui ont envahi l’espace public durant les derniers mois du régime du Shah. Il se veut un « manifeste pour la liberté et un instrument de lutte contre la répression du régime du Shah : quand les murs prennent le relais de ceux qui ne peuvent pas parler », comme l’explicite le sous-titre de l’ouvrage. Il raconte une histoire de la révolution à travers les inscriptions murales, à la fois traces et marques tangibles des manifestations une fois dispersées, et leur tenant-lieu quand elles sont interdites ou impossibles.
Les Murs parlent se distingue par son parti pris visuel : montrer les murs, les rues et les places systématiquement déserts, livrant ainsi une image inédite de la révolution, d’habitude représentée par une foule statique ou en mouvement. Les inscriptions murales et les slogans organisent un espace d’appel, de dialogue politique (« Marx, si seulement tu pouvais être en vie pour voir que la religion n’est pas l’opium du peuple ») et d’organisation de l’émeute (« Ne rentrez pas chez vous »). La majorité des slogans photographiés ne sont pas en faveur de l’islam, mais contre le Shah et sa dictature, offrant ici aussi une autre réalité de la révolution.
Hannah Darabi
Rue Enghelab, la Révolution par les livres
Iran 1979-1983
Exposition du 10 janvier au 11 février 2019
Le BAL
6 Impasse de la Défense
75018 Paris