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Sacha Goldberger : Secret Eden

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Secret Eden :  Érotisme et réalité alternative.

Dans les profondeurs d’un univers photographique unique, Sacha Goldberger nous convie à pénétrer les arcanes de « Secret Eden », une série où l’érotisme se déploie dans toute sa complexité, à la croisée du mystère et de la sensualité.

Cette œuvre magistrale, fruit de trois années de création minutieuse, repousse les limites du visible pour ouvrir la porte à l’imaginaire, un lieu où chaque spectateur est invité à écrire sa propre histoire, guidé par des images qui murmurent plus qu’elles ne disent.

« Lorsque j’ai démarré cette série, je sortais à la fois de tout le travail que j’avais fait avec ma Grand-Mère, et de ma série sur les Loubavitch, des séries que j’ai beaucoup aimé faire, mais qui somme toute étaient très sages et ne représentaient qu’une partie de moi. Car tout ce qui touche à l’érotisme est également très important pour moi. 

Un fait était avéré, je n’avais encore jamais vu de série érotique qui ne soit pas vulgaire, et qui correspondait à ce que moi j’imaginais être érotique. Dès lors, il m’est apparu évident que l’érotisme et l’imagination étaient étroitement liés. Il me fallait donc trouver le moyen de pouvoir montrer des choses sans les montrer, et de trouver comment créer des œuvres qui parlent d’érotisme sans être choquantes, pouvant aussi être vues par des enfants…», explique Sacha Golberger.

Loin des sentiers battus, « Secret Eden » s’inscrit ainsi dans une démarche artistique où l’érotisme est abordé non pas comme une finalité explicite, mais comme une exploration subtile des non-dits, des ombres et des lumières qui caressent les contours de l’âme. Pour arriver à ce résultat, Sacha Goldberger a puisé dans les références artistiques, historiques et mythologiques pour créer une série de 17 diptyques et de portraits où chaque élément, chaque détail, résonne avec une profondeur narrative.

Sa démarche est onirique, évoquant une réalité alternative où les sens sont en éveil, prêts à capter les moindres nuances d’une histoire qui se déploie entre les images.

Le procédé est audacieux : le même lieu est photographié à des heures différentes de la journée, créant ainsi un jeu de superpositions où le temps semble se dissoudre. À travers cette technique le photographe propose une nouvelle forme de narration visuelle où deux images, bien qu’apparemment distinctes, se répondent, se complètent, et finissent par dévoiler une troisième réalité, née de leur union. C’est dans cet espace interstitiel, entre le dit et le non-dit, que réside toute la puissance évocatrice de cette œuvre.

Les lieux choisis pour cette série ne sont pas anodins. Chacun d’eux — du château de Thoiry au centre du Parti communiste réalisé par Oscar Niemeyer, en passant par divers autres sites chargés d’histoire — devient le théâtre de scènes empreintes d’une grande richesse symbolique.

Il convoque ainsi l’imaginaire collectif tout en brouillant les pistes, offrant au spectateur un voyage à travers les âges, où chaque époque révèle sa propre vision de l’érotisme.

17 diptyques révèlent 17 univers différents et invitent à un voyage dans le temps. L’esthétique des années 30 à 50 imprègne certaines compositions, rappelant une époque où le glamour et l’élégance étaient portés à leur paroxysme. Cependant, loin de se limiter à une simple reproduction stylistique, Sacha Goldberger infuse dans chaque image une modernité subtile. Les costumes d’époque, les accessoires, et même les animaux dressés qui peuplent ces scènes ne sont pas de simples éléments décoratifs ; ils participent activement à la construction d’une atmosphère chargée de tensions, d’attentes, et de désirs à peine murmurés.

Les portraits qui viennent compléter ces diptyques jouent un rôle crucial dans l’élaboration de cette atmosphère. Chaque visage, chaque expression, chaque regard est une porte d’entrée vers l’univers intérieur des personnages, offrant au spectateur des indices précieux pour interpréter les scènes qui se déroulent sous ses yeux.

Ici, le silence est d’or, et les histoires que l’on devine entre les lignes sont celles que l’on porte en soi. Le photographe, en maître de la suggestion, laisse volontairement des zones d’ombre, des espaces vides que chacun est libre de remplir avec ses propres fantasmes, ses propres souvenirs, ses propres rêves.

Le choix de ne jamais montrer explicitement l’érotisme, de le suggérer plutôt que de l’exposer, est une prise de position forte, qui renforce le caractère intemporel et universel de l’œuvre et invite le spectateur à un voyage intérieur, où l’érotisme se dévoile dans toute sa complexité.

Loin d’être puritaine, cette approche est au contraire une célébration de l’imagination, du pouvoir de créer des mondes à partir de fragments, de laisser les histoires se tisser dans les méandres de l’esprit, loin des évidences.

Au-delà de l’exploration de l’érotisme, « Secret Eden » interroge notre rapport au temps, à la mémoire, et à la manière dont nous construisons nos récits personnels. Chaque diptyque, chaque scène, est une invitation à réfléchir sur la dualité du visible et de l’invisible, sur ce qui est montré et ce qui est caché. C’est un jeu de miroirs où les reflets sont trompeurs, où chaque image en cache une autre, tout aussi vraie, tout aussi puissante.

En définitif, Sacha Goldberger ne se contente pas de créer des images ; il crée des mondes, des univers parallèles où chaque détail, chaque couleur, chaque ombre est un fil conducteur vers un ailleurs poétique et sensuel. Cette série, bien plus qu’un simple exercice de style, est une œuvre où le visible et l’invisible se confondent, et où le spectateur devient acteur, co-créateur de son propre Eden, secret et inexploré.

Carole Schmitz

Website:  sachagoldberger.com
Instagram: sachagoldberger

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