La photographe Rosa Gauditano est née à Sao Paulo dans les années 1950, une décennie marquée par un développement industriel et urbain sans précédent et par une extraordinaire effervescence créative dans le domaine de la photographie.
En 1977, en pleine dictature militaire (1964-1985), elle débute une carrière dans le photojournalisme et l’année suivante, avec l’émergence de Lula, elle se tourne vers les mouvements ouvrier et syndical, couvrant aussi les mouvements féministe et noir, les manifestations contre la dictature, la censure et la torture, ainsi que le mouvement populaire réclamant des élections présidentielles directes en 1984.
Dans une époque marquée par la marginalisation des minorités et l’indifférence récurrente de la presse, son regard se tourne vers les femmes victimes de violences conjugales, les prostituées, les lesbiennes et les enfants abandonnés.
Puis en 1989, affectée par la violence infligée aux peuples autochtones, Rosa Gauditano entreprend un travail documentaire approfondi sur la culture traditionnelle des nations Xavante, Yanomami, Tucano, Kayapó et Karajá, ainsi que sur la condition dramatique des Guarani M’Byá, des Pankararu et des Guarani Kaiowá, violemment privés de leurs terres ancestrales et abandonnés à leur sort.
Dans son ouvrage « Le même combat » (autoédition, 2021), Gauditano nous présente des images datant du début de sa carrière. Plus de quarante ans plus tard, ces photos constituent un précieux document témoignant des luttes menées dans un Brésil dévasté par les inégalités sociales. Une photographie engagée qui s’inscrit enfin dans la définition humaniste du maître Cartier-Bresson, plaçant la tête, l’œil et le cœur sur la même ligne de mire.
Cristianne Rodrigues