« Je n’ai jamais été intéressé par la photographie, mais par les images. Je crois que mon travail commence là où finit la photographie », constate Olivo Barbieri. Et c’est ce que l’exposition au MAXXI à Rome suggère : des images, assez étonnantes et colorées, abordant le paysage de l’Italie, ses provinces, ainsi que l’effondrement de la légende de la modernité et de la mondialisation de l’Extrême-Orient, les villes vues d’en haut et la nature.
La rétrospective se concentre sur la recherche de Barbieri, son attention à la perception, son aptitude à interpréter la réalité, au-delà des modes classiques de la représentation. « Partant des portiques des villes d’Emilie, jusqu’aux mégalopoles réticulaires de la planète, des stades bondés aux profils modifiables de certains espaces naturels, Olivo Barbieri a étudié la façon dont nous regardons le monde contemporain », commente Giovanna Melandri, présidente de la Fondazione MAXXI.
« Son travail n’est pas seulement une enquête sur l’espace urbain et l’architecture, c’est le cadre de sa recherche. Barbieri est plus soucieux de l’analyse de la notion de perception, de notre habileté à voir et à interpréter la réalité. À travers l’utilisation expérimentale des instruments photographiques et de la langue, Barbieri décrédibilise les modes habituels de la représentation. Il ne veut rendre le monde spectaculaire et n’est pas intéressé par la reproduction fidèle mais par la traduction de sa propre perception de ce qui est visible dans la narration », explique Margherita Guccione, la directrice de MAXXI Architettura.
L’exposition est composée de sept sections illustrant le travail du photographe depuis les années 70 jusqu’à aujourd’hui. Elle présente ses premières images de flippers découverts dans une usine désaffectée qui jouent avec les icônes de la modernité décadente ; ses photographies nocturnes de milieux urbains, des visions de peintures dans les musées, l’exploration de villes italiennes et de leurs abords dans les années 80, la Chine et l’Extrême-Orient, ses expériences avec « mise au point sélective » dans les années 90, des vues aériennes de villes à travers le monde… Son nouveau travail, consacré à l’agglomération et aux paysages de la côte Adriatique, produit pour MAXXI, est également exposé.
« Dans les années 90, nous avons assisté à l’émergence d’une école italienne de la photographie, avec une gamme des figures intéressantes telles que Luigi Ghirri, Gabriele Basilico et Massimo Vitali, avec leur accent sur le paysage, les espaces urbains et l’architecture. Barbieri a suivi cette tendance, étendant son travail au monde global, en termes du sujet et de la langue », explique Hou Hanru, le directeur artistique de MAXXI.
Le photographe cherche à capter ce changement d’image du monde, à travers une « mise au point sélective » qui présente les phénomènes à nouveau, donnant aux images une profondeur significative et suggérant « l’imminent, le possible et l’imprévisible », en utilisant « la distance » pour déchiffrer et percevoir les villes comme des organismes vivants. « J’ai commencé à utiliser un hélicoptère pour me distancier du son des mots, pour voir la ville de loin, un long chemin éloigné des voix. Ce qui m’intéresse est la forme de la ville », explique Olivo Barbieri.
La photographie de Barbieri se trouve à la frontière entre une photographie représentant une place et l’usage d’un langage qui suggère l’ambiguïté de toute représentation, entre le certain et l’incertain, le réel et le plausible, en faisant la recherche sur les processus de voir et de savoir.
EXPOSITION
Olivo Barbieri. Immagini 1978 – 2014
29.05.2015 > 03.01.2016
MAXXI Museo nazionale delle arti del XXI secolo
Via Guido Reni 4A
00196 Rome
Italie