Il s’appelle Romain Champalaune, il est photographe, il présente une exposition au centre d’Animation Mathis (Paris, 19ème) sur la musique underground en Iran.
« En Iran, selon la loi Islamique en vigueur depuis la Révolution, toute forme de musique se doit d’être la plus neutre possible et de ne pas provoquer d’ »émotions intérieures ». La musique Rock, le Rap, le Métal, l’Électro sont donc des genres bannis. Considérée par les autorités religieuses comme satanique et largement inspirée par la culture occidentale, toute personne qui répète, enregistre, ou donne des concerts de musique dite « Zirzamin » (« underground » en farsi) peut-être sévèrement réprimé. Pour ces musiciens il est inutile d’espérer obtenir la sacro-sainte autorisation délivrée par le ministère de la culture et de la guidance qui permet de jouer librement (tout est relatif).
Entre 1997 et 2005, lors de la présidence du réformiste Khatami, un certain regain de liberté et de tolérance à l’égard des musiciens avait pu être constaté. Une lueur d’espoir brisée par l’arrivée d’Ahmadinejad. L’étau s’est encore resserré d’un cran autour des musiciens underground après les élections et les émeutes de 2009.
Popularisé par le film de Bahman Ghobadi « No one knows about Persian cats », le mouvement underground gagne pourtant à ne pas être connu. C’est là tout le paradoxe : un musicien joue pour que sa musique soit entendue, mais en Iran, si celle-ci prend trop d’importance, l’artiste pourrait avoir de sérieux ennuis avec les autorités. Alors les musiciens se cachent, répètent dans des caves, enregistrent clandestinement des CD pour leurs amis et leurs proches. En attendant de quitter un pays qui les bâillonne pour un ailleurs où leur production pourra être entendue. Pour ceux en attente d’un visa, pour ceux qui économisent de l’argent, pour ceux qui veulent rester malgré tout, il n’y a qu’une chose à faire, de la musique encore et encore… »