Depuis près de 20 ans, lorsque je rentre chez moi, je suis accueillie par l’homme à la rose, souvenir d’une exposition en 2002 sur les grilles de l’assemblée nationale suivie d’une vente aux enchères au profit de Médecins sans Frontières au tout nouveau Palais de Tokyo ! Et ce regard doux me rappelle celui de Roland Michaud qui l’a photographié et qui vient de le rejoindre. Sauf que, en plus d’être doux, l’œil de Roland savait saisir les hommes, les femmes et les enfants dans des paysages d’une beauté saisissante. Ses photos avaient du souffle.
Souvenirs épars et en vrac :
J’ai découvert les photos de Roland dans les chocolats Casino. On collait les petites images de l’« Expédition Caméléon » dans un livre éponyme.
Nous fêtions les 50 ans de Roland à l’agence Rapho. La fête était joyeuse lorsque le téléphone a sonné. Romain (leur fils de 11 ans) avait grand besoin de parler à ses parents. Romain qui avait voyagé en Afghanistan à l’âge de 5 ans, faisant des dessins pendant que ses parents photographiaient, était un petit garçon sérieux et responsable. Il voulait obtenir l’autorisation de faire couler de l’eau dans le lavabo pour pouvoir y faire flotter un bateau.
Fin des années 90, rue d’Alger, de retour de voyage en Chine, Roland nous a enchantés lors d’une projection. Chaque photo avait une histoire, chaque photo était vue dans son ensemble puis dans ses détails.
Roland devenait au fil des ans de plus en plus « sage » ; sa barbe blanche et ses tenues contribuaient à entretenir sa légende de grand voyageur.
Mais je parle de Roland alors que je devrais dire « RolandetSabrina », tellement l’un et l’autre formait un tout.
Kathleen Grosset
Paris le 27 mai 2020
