La nouvelle monographie de Roger Ballen, Asylum of the Birds (Thames & Hudson) est une révélation, une vue sur l’intérieur d’un esprit en noir et blanc — et déclinant toutes les nuances entre les deux. Le sentiment naît en la parcourant que rien ne commence ni ne finit jamais, mais que tout fait plutôt partie d’un continuum où l’espace et le temps ne sont plus des ancres dans notre monde. Au lieu de cela, nous sommes, simplement. Nous dérivons au dedans et au dehors, ne sachant jamais vraiment où nous sommes. S’il n’y avait pas la jaquette du livre pour nous indiquer que ces photographies ont été prises dans une maison dans la banlieue de Johannesburg… et quand bien même, qu’est-ce que cela veut dire ? Sommes-nous dans cette maison, ou dans un espace alternatif ?
Ce n’est pas clair du tout. Nous cherchons les repères que nous avons perdus dans les signes, les lignes et les dessins des photographies de Ballen. La scène inclut maintenant des oiseaux, ces descendants à plumes des dinosaures. Les images évoquent quelque chose de familier, comme le rêve que vous avez fait la nuit dernière et dont vous ne pouvez plus vous rappeler. L’introduction de la volière dans la ménagerie de Ballen est un ajout approprié qui parfait son énergie. L’archétype de l’oiseau a une qualité symbolique céleste de beauté et de pureté. Le monde de Roger Ballen est souvent complexe, chaotique, et perturbant pour certaines personnes. Mais les niveaux profonds de l’inconscient ne troublent pas Ballen.
Il observe : « Les différents niveaux de l’esprit sont exaltants à sonder. S’aventurer dans des territoires inconnus est enivrant. L’esprit découvre une partie de lui-même. Quand il le fait, cela s’accompagne d’un sentiment d’épiphanie. Le fait de prendre des photographies m’aide à trouver et à réaliser cette interaction. Tournez vos yeux vers l’intérieur et photographiez ce que vous voyez. Quel est cet endroit ? Le processus devrait commencer ici. Trouvez votre esprit et vous trouverez les photographies.
Je ne prends jamais mes photos avec des idées en tête. Je n’essaye de penser à rien parce que c’est inutile. J’essaye de sortir avec un esprit serein. Il n’y a pas d’intérêt à penser à des mots ou à des idées. C’est une science et un art. Le sens sous-jacent est créé par une relation émotionnelle à ce qui est là dehors. L’esprit scientifique est une construction. Nous devons être capable de construire un monde qui a des significations et des relations complexes définies par l’autre facette de l’esprit. »
Lire la suite dans la version anglaise de L’Œil.
http://www.thamesandhudson.com/Asylum_of_the_Birds/9780500544297
http://missrosen.wordpress.com