Dans ce troisième numéro de Paris Photo en ligne, nous vous présentons l’œuvre de Palmira Puig-Giró (Tàrrega, 1912 – Barcelone, 1978), photographe d’avant-garde exilée au Brésil. Son œuvre est restée cachée jusqu’à 2018, quand la galerie RocioSantaCruz l’a découverte. Palmira Puig-Giró était, avec Marcel Giró, Rubens Teixeira Scavone et Germán Lorca, entre autres, membre du Foto Cine Clube Bandeirante, l’un des mouvements artistiques les plus importants de la photographie brésilienne.
Depuis que RocioSantaCruz l’a présenté pour la première fois en Europe à Paris Photo 2018, le travail de Puig-Giró a été intégré dans d’importantes collections internationales. Le MoMA (Museum of Modern Art, New York) inclura ses photographies dans l’exposition Photoclubism: Brazilian Modernist Photography, 1946-1964 en mars 2021.
Une signature retrouvée
Pendant des décennies, Palmira Puig-Giró était connue comme la muse de son mari, le photographe Marcel Giró. Ce n’est qu’en 2018 que Rocío Santa Cruz, en parcourant le domaine Giró avec l’aide de Toni Ricart, le neveu de Marcel, a trouvé deux langages photographiques, deux auteurs différents, quoique intimement liés, qui coexistaient dans les archives du photographe. Suivant les traces de cette signature inconnue, ils sont parvenus à une conclusion importante: non seulement Palmira était l’auteur d’une œuvre importante, mais la propre paternité de Marcel a acquis, ainsi, un nouveau sens. L’histoire de l’artiste et de sa muse est devenue obsolète et a cédé la place à un récit plus complexe, horizontal et plus riche. Les deux artistes partageaient caméra, bobine, scènes; chacun avec son propre look.
Les visages de l’avant-garde
Palmira Puig-Giró était, avec Gertrudes Altschul, Menha S. Polacow, Barbara Mors et Dulce G. Carneiro, l’une des rares femmes qui faisaient partie du Foto Cine Clube Bandeirante, un collectif de photographes d’avant-garde situé à São Paulo . Son travail articule un corpus expérimental de portraits et de paysages, où métaphore et critique sociale sont encadrées dans une même capture. La photographie de Puig-Giró est clairement influencée par l’avant-garde, vue dans son utilisation des contrastes noir et blanc, mais sa signature a une touche plus humaniste que celle de ses collègues paulistes. Alors que ce dernier tendait à sublimer l’abstrait, pur moment d’interruption visuelle, Puig-Giró va au-delà de l’instant et de l’objet. La photographe élargit sa vision pour montrer l’environnement de ses photographies, les visages, les histoires et les souvenirs des lieux qu’elle visite avec son appareil photo, et porte la vie quotidienne et les gestes à un niveau esthétique aussi détaillé que poétique.
RocioSantaCruz