Dans les années 1980, la photographe australienne Robyn Beeche s’est consacrée au monde transgenre de la contre-culture londonienne en collaborant, entre autres, avec Zandra Rhodes, Vivienne Westwood et Divine. Ses images stupéfiantes, dont beaucoup ressemblent à des manipulations numériques, étaient toutes exécutées en studio en collaboration avec des maquilleurs, des designers et des modèles.
Pendant 30 ans, ces photographies sont restées dans ses archives, Beeche ayant trouvé une nouvelle inspiration en travaillant sur des rituels en Inde, où elle passe maintenant la moitié de l’année, dans un ashram. Ces clichés sont désormais exposés à Sydney, reproduits en grand format pour la première fois grâce à l’idée visionnaire du propriétaire de la galerie Black Eye, Tom Evangelidis, qui a encouragé Beeche à présenter ses œuvres en agrandissant leurs dimensions.
Beeche déclare que revisiter ces images « est comme de revoir de vieux amis. C’est très agréable de redécouvrir ce travail qui a été créé en l’espace d’une dizaine d’années. Et c’est important aussi, je pense, parce que je faisais ça à l’époque sans l’aide du numérique et de Photoshop ».
Elle continue : « Il n’y a pas de collage, pas de retouche, tout est fait simplement avec l’appareil. J’utilisais tout un tas de trucs, comme une plaque de verre entre le sujet et moi. Les expositions double et triple faisaient partie des autres techniques que j’employais. Ma passion est de partager mon travail, d’inspirer les jeunes d’aujourd’hui à collaborer et à chaque fois que je le montre, j’aime parler avec les gens et leur raconter les images et la manière dont elles ont été produites. »
Beeche explique que son intention pour cette collection, qui avait été réalisée « pour le fun », était « d’être universellement acceptée et hors du temps… ainsi lorsqu’on redécouvrirait le travail à nouveau, il serait aussi frais qu’il l’était quand il avait été réalisé ».
A Londres dans les années 80, tout le monde explorait les liens créatifs entre la musique, le théâtre, la mode, et les arts visuels. Dans cette atmosphère, Beeche trouva un groupe d’artistes partageant sa vision, avec lesquels elle collabora et put libérer son esprit créatif.
« Je me souviens qu’à cette période, nous étions tous dans le même bateau. La plupart d’entre nous ne faisions que débuter… Tout le monde avait besoin de photographies et souvent, nous trouvions des arrangements ensemble. Nous n’arrêtions pas de tomber les uns sur les autres et nous avions hâte d’arriver au week-end pour organiser des séances de pose, expérimenter des choses et nous amuser. »
Dans cet environnement collaboratif, les artistes s’entraidaient comme l’explique Beeche : « Une grande partie des modèles que j’utilisais voulait gagner en visibilité. Les coiffeurs n’étaient pas aussi renommés qu’ils le sont aujourd’hui, les maquilleurs avaient besoin de photos pour leurs portfolios, et tout le monde recevait une photographie. Donc ces séances rendaient service à tout le monde. »
« J’avais l’habitude de dire aux gens : laisse ton ego à la porte et amuse-toi. Dis ce que tu penses, essayons à ta manière, essayons à ma manière, à sa manière, et je pense que c’est grâce à cela que nous nous amusions autant. Nous couvrions les gens de terre, de feuilles d’or et d’autres substances peu agréables comme de la super-glue sur les ongles — c’était l’un des trucs du maquilleur australien Richard Sharah. Nous rebondissions toujours d’une séance sur la suivante et même si nous n’avions pas beaucoup d’argent, et avions toujours des problèmes pour payer le loyer, nous partagions ce que nous avions. »
Robyn Beeche: A Retrospective
Jusqu’au 2 mars 2014
Black Eye Gallery
3/138 Darlinghurst Road,
Darlinghurst, Sydney
Australie