Robert Hayes était à l’avant-garde de la nouvelle photographie glamour dans les années 70. Dans la société de cette époque, il y avait une nouvelle méritocratie du travail qui amenait les milieux chics à fréquenter les artistes sans le sou au Studio 54, les légendes du sport à se mélanger aux débutantes, qui à leur tour fréquentaient les hommes d’affaire et les représentants de l’avant-garde à la Factory d’Andy Warhol. Parmi cette joyeuse troupe, on trouvait le patron d’Interview, Robert Hayes, avec sa naïveté et ses manières désuètes héritées de son enfance passée dans une petite ville du Canada, avait une vision parfaite de son époque. Robert aimait la photographie, et le magazine fournissait une plate-forme unique pour mélanger les différentes formes de culture. Robert était de l’école du « toujours plus » : un bijou ou une pièce de tulle en plus ne pouvait sans doute qu’améliorer la qualité d’une photo. Mais Robert était aussi influencé par l’épure de l’âge d’or d’Hollywood. Le portrait qu’Hurrell fit de lui, qui était sa fierté, représentait tout le glamour hors d’âge que Robert avait adoré dans les films, en grandissant à Halifax. Il comprenait également très bien l’esthétique de la photo moderne : une grande attention portée à l’attitude et une élégance qui pouvait transformer une drag queen, un sportif ou une starlette avec la même force. Robert fit entrer ce style au magazine en cultivant les nouveaux talents. Comme Andy, il donnait toujours leur chance aux jeunes. Sa patience pour expliquer ce qu’il voulait dans une photo pouvait faire des miracles. Il nous manque.
Gael Love et Marc Balet anciens rédacteur en chef et directeur artistique d’Interview.
Robert Hayes mourut à l’âge de 32 ans en 1985.