Dans une exposition intitulée Sobre Natureza (Sur la nature), Pedro Motta présente, à la galerie Silvia Cintra à Rio de Janeiro, une déclinaison en 5 ensembles autour d’une même réflexion; celle du lien que l’homme entretient avec la nature. Depuis la vision délicate d’une intervention sur un arbre à l’aide de coquilles d’œuf, à celle, plus angoissante, d’une nature engluée dans ce qui semble être du pétrole et compressée derrière la domestication que l’Homme souhaite lui faire subir, Pedro Motta propose une variété d’interprétations de son sujet.
Si l’artiste utilise la photographie dans toutes les pièces qu’il présente, il va bien au-delà du médium, en le prolongeant, à travers le montage, très construit, de chacun des cinq ensembles, mais également à travers les interventions qu’il opère sur les images, qu’elles soient graphiques ou réalisées à l’aide d’objets venant graviter autour des photographies.
Ainsi, dans le plus important des cinq ensembles de l’exposition, travail dans lequel il dit aborder le rapport entre la nature et l’homme sous le prisme d’une relation relevant du conflit, Pedro Motta est intervenu graphiquement sur des photographies de forêt, réalisées lors d’une résidence en Colombie au cours de l’année 2015. Aux images de paysage et de nature, il a intégré des illustrations représentant deux personnages issus de films de Werner Herzog (Fitzcarraldo et Aguirre, la colère de Dieu), tous deux entretenant un rapport particulier avec l’Amazonie. Les photographies de paysages agrémentées de leurs personnages en graphite sont associées à des cadres présentant des plantes en plastique recouvertes de peinture noire, qui semblent étouffer, comprimées derrière leur vitre. L’artiste déclare vouloir mettre en place dans cet ensemble « un récit en deux temps et fait de deux histoires distinctes, mais qui ont pour objectif de converger et de parler des actions de transformation de la nature, de leurs limites et de leurs potentiels ».
Ailleurs, il explore ce « prolongement » de l’image photographique en connectant les images entre elles grâce à des peintures de passages, qui semblent faire se rejoindre les différentes photographies par une intercommunication de tunnels et d’échelles. Dans un autre ensemble encore, il relie les espaces distincts de deux photographies à l’aide de branches qui viennent matériellement réunir les images entre elles.
Ces expérimentations dans la monstration de la photographie, tant dans l’accrochage particulièrement réfléchi, que dans les prolongements que Pedro Motta octroie à ses images, permettent à l’artiste d’aller « au-delà » de la simple représentation par la photographie, et de déployer ainsi de manière encore plus vaste ses propositions visuelles autour de la relation entre l’Homme et la nature, qu’il s’agisse de montrer un lien conflictuel ou un lien relevant de la délicatesse.
EXPOSITION
Sobre Natureza
Pedro Motta
Jusqu’au 11 juin 2016
Galeria Silvia Cintra + Box 4
Rua das Acácias 104 Gávea
Rio de Janeiro
Brésil
+ 55 21 2521 0426
http://www.silviacintra.com.br/