Un jour, en Croatie, il croise le chemin de Pierce Brosnan, avant sa période James Bond. Un autre, il parvient à convaincre Tina Turner, hydrophobe, de poser au beau milieu de sa piscine à débordement. Il est également présent en 2006, au moment où David Lee Roth et les frères Van Halen se retrouvent pour la première fois depuis leur séparation, après leur album mythique de 1984.
Certains photographes ont pris des clichés de deux ou trois célébrités et se vantent d’une carrière people. Pour sa part, c’est depuis ses 18 ans que Richard McLaren mitraille une véritable voie lactée de stars, sur quatre générations : des Rolling Stones à Halle Berry en passant par Jennifer Lopez, Pamela Anderson, Rachel Weisz ou Orlando Bloom, sans compter les disparus tels que Patrick Swayze ou Heath Ledger. Bon nombre de ses photos emblématiques, immortalisées dans la mémoire collective du public, ont traversé les frontières.
Issu d’une famille ouvrière du Sud de Londres, MacLaren est le fils d’un bookmaker et d’une mère au foyer. Ses frères étant devenus pilote, restaurateur et opticien, il est le seul artiste professionnel de la famille. « Je suis tombé dans cette marmite dès la fin de mes études », confie-t-il, en précisant qu’il a débuté grâce à une relation professionnelle de son cousin, directeur artistique au Daily Sun.
C’est ainsi qu’il occupe un premier poste d’assistant auprès de l’agence de photographie Scope Features. En tant que photographe, il se fait les dents sur un premier rendez-vous avec une célébrité : il s’agit de Danny Kaye, en 1976, sur la promotion des adaptations télévisées de Peter Pan et Pinocchio. Photographe freelance, il parcourt l’Europe de long en large. « C’était vraiment passionnant, se souvient-il. On avait le privilège de rencontrer les icônes. J’ai déjeuné avec Jaws par exemple. » En 1977, pendant le tournage de L’espion qui m’aimait, Richard Kiel vient lui serrer la main. « Il avait une pogne immense, grande comme une pelle à neige », raconte McLaren en souriant.
Ses clichés de célébrités sont diffusés à des magazines du monde entier : Esquire, GQ, Rolling Stone, Vogue ou encore Hello. Sans participer lui-même au shooting, il a l’occasion de passer du temps avec Bob Marley au cours d’une séance photo. « Il avait un joint grand comme ça, fait-il en écartant les mains. Il l’a passé au photographe. C’était un type vraiment sympa et tout simple ».
Il raconte un autre « type vraiment sympa et tout simple » : feu Phil Lynott, leader du groupe de rock irlandais Thin Lizzy, qu’il photographie aux Bray Studios, là où de nombreux films d’épouvante ont été tournés sous l’égide des Hammer Film Productions. Pendant les années 1980, il photographie tout le gratin, de Sarah Jessica Parker à Leslie Nielsen, venu à Londres pour promouvoir un épisode de la série de films Y a-t-il un flic. « Je l’ai pris alors qu’il passait son manteau par-dessus sa tête, raconte McLaren en parlant de Nielsen, expliquant qu’il était facile d’improviser avec lui. Il suffisait de braquer l’objectif sur lui et de le laisser faire. »
Curieusement, il n’a jamais vécu de moment vraiment déplaisant avec les personnages connus pour leurs caprices de diva, pas même avec J-Lo, à Miami. « Ils se donnent à 110%, déclare-t-il. Ils viendront peut-être avec une gueule de bois, mais même dans ce cas, ils donnent sans compter. »
L’un de ses souvenirs les plus marquants : assister aux retrouvailles de Van Halen (sans le bassiste Michael Anthony). En 22 ans, c’était la première fois qu’Eddie et Alex Van Halen décidaient de se produire de nouveau avec David Lee Roth. McLaren s’en souvient avec un plaisir évident et ajoute « J’ai pris une super photo d’Eddie, avec sa guitare et ses brûlures de cigarettes. »
En ce moment, McLaren réalise des photos publicitaires pour des clients tels que BBC, Emirates Airlines et NASCAR. Il y a quelques semaines, il faisait une séance avec Bo Derek. Bref, on retrouve tout le gotha dans sa liste de sujets et les Steven Spielberg, Tom Hanks, Ben Affleck et autres monstres sacrés n’ont rien à craindre : il ne se dissimule pas dans leurs buissons. McLaren n’a rien d’un paparazzi et n’a jamais aspiré à en devenir un. Pour lui, ces chasseurs de primes sont une espèce à part. « Je n’ai aucune envie de bousculer les gens pour m’immiscer dans leur vie. Ça ne me ressemble pas du tout », déclare-t-il.
Établi de longue date et avant l’ère de l’Internet, McLaren pratique son art en se basant sur des relations de bonne entente et de confiance bien ancrées. Il se passionne toujours autant pour son métier : « Je rencontre tout un tas de gens différents. Un jour, je fais un shooting avec une star, le lendemain, je prends des photos en Inde pour l’Unicef ». À une occasion, il est passé directement d’une top-modèle à une figure emblématique des droits de l’homme : « Tout est possible, même rencontrer Mandela. »
Michael Aushenker