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Retour sur l’ouverture de la 12ème édition des Rencontres de Bamako

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Pour cette 12ème édition, les Rencontres de Bamako, l’historique biennale de renommée internationale dédiée à la photographie et à l’art vidéo sur le continent africain a décidé d’utiliser pour image principale de communication les poings ornés de bagues du photographe malien Fototala King Massasy de la série Tenir. Je crois que ce point départ va parfaitement illustrer le ressenti de cette édition, puisque en effet, peu importe le contexte du pays – qu’on sait difficile, l’évènement tient et reste debout malgré les obstacles que peut revêtir l’organisation d’un événement d’une telle envergure au Mali. Une édition coup de poing, une édition qui décide de « taper du point sur la table », avec pas moins de 85 artistes et collectifs venant des quatre coins de l’Afrique et de ses diasporas, doublant ainsi le nombre de projets exposés lors des éditions précédentes. La biennale qui fêtait cette année ses 25 ans, a décidé d’être ambitieuse, tant d’un point de vue technique que créatif. Un challenge marqué par un nombre impressionnant de « première fois » qui ont jalonnés le parcours des organisateurs d’embuches mais qui ont su malgré tout relever le défi !

Intitulée « Courants de conscience », en référence au morceau éponyme de 1977 de Max Roach et Abdullah Ibrahim cette édition a été conçue par le commissaire général Bonaventure Soh Bejeng Ndikung entouré d’une équipe de jeunes commissaires composée d’Aziza Harmel, d’Astrid Sokona Lepoultier et de Kwasi Ohene-Ayeh, puis de conseillers artistiques Akinbode Akinbiyi, Seydou Camara et enfin du scénographe et artiste Cheick Diallo. Le délégué général de la biennale, pour la première fois, n’est plus Samuel Sidibé, ancien directeur du Musée National du Mali et figure emblématique de la culture au Mali mais Igo Diarra directeur de la galerie Medina à Bamako.

Les flots de pensées, de mouvements, de mémoires, de revendications et de rêves de chacun des artistes exposés, nous ont ainsi portés au fil des expositions, avec poésie et engagement tout au long des journées professionnelles qui ont eu lieu du 30 novembre au 4 décembre 2019.

La journée d’ouverture marquée par la présence symbolique du Président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta et de la Ministre de la Culture N’Diaye Ramatoulaye Diallo, témoigne de l’historicité de l’événement organisé pour la première fois par le Ministère de la Culture au Mali, et non plus par l’institut Français, qui, pour cette année, prend la position de soutien de la biennale et non plus de co-organisateur, les pleins pouvoirs revenant au pays qui reçoit cet évènement depuis 25 ans. Et même si il est vrai que la culture n’est probablement pas dans les premiers intérêts de la population malienne qui fait quotidiennement face à des situations complexes, ce changement d’organisation est un symbole fort de prise de possession de l’événement par les maliens. La présence des jeunes filles du Lycée Ba Aminata Diallo (qui accueille l’une des expositions du In) à l’ouverture mais aussi celle d’une foule provenant de la population démontre cette prise de possession et la place que prend cet évènement au sein d’une ville qui souhaite montrer toutes ses nuances. L’évènement m’a semblé être, pour un nombre important de personnes, une fierté, un outil pour témoigner de la résistance de Bamako face aux heures difficiles que vit le pays.

Les journées qui ont suivies furent marquantes par le nombre élevé des acteurs présents et le champ des possibles que leur présence ouvrait. En effet, journalistes, commissaires d’exposition, institutions, artistes et amateurs venant d’un peu partout ont fait le déplacement pour venir découvrir cette nouvelle édition, donnant ainsi un sens véritable à l’appellation « Rencontres ». À travers des échanges formels et informels, notamment grâce au programme public et aux nombreux moments de rencontres organisés, beaucoup de sujets ont pu être abordés tels que la conscience centrée sur les femmes dans la photographie, la représentation, la violence et l’évolution constante de notre paysage (politique), l’utilisation de la photographie comme outil critique et puissant dans les diasporas…

Pour témoigner de l’importance du collectif, il est évident que la volonté de l’équipe a été aussi de valoriser le territoire et de rester autant que possible dans une production locale. La quasi-totalité des tirages ont été effectués pour la première fois depuis des années au Mali par le Centre de Formation en Photographie et la Maison africaine de la photographie, ayant ainsi un impact non plus uniquement sur la diffusion de la culture au Mali mais également sur son économie en donnant un regain de vie financière à ces institutions.

 La réflexion autour du challenge que représente la mobilisation de la population malienne au sein des espaces culturels était également manifeste. Des lieux culturels mais aussi des lieux de vie commune ont été investis tels qu’avec l’exposition de Youssouf Sogodogo orchestrée par Black Shade Projects à un rond-point de la ville, le Lycée des Jeunes Filles Ba Aminata Diallo avec l’exposition Musow Ka Touma Sera de la commissaire Fatima Bocoum, le Cinéma El Hilal où l’on pouvait découvrir des photographies de l’artiste sud-africaine Jodi Bieber ou bien les demeures de trois familles maliennes à travers le projet « Dans les coins et recoins de Bamako : La photographie dans les maisons de familles » qui offraient à la vue des visiteurs un voyage au sein de leurs albums familiaux.

Avec 11 lieux d’expositions officielles à travers la ville et de nombreuses expositions dans le programme OFF, Bamako confirme une fois encore sa qualité de carrefour inévitable de la photographie africaine.

Anna Reverdy

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