Après deux années qui ont servi à la quête d’un repreneur, la galerie Agathe Gaillard à Paris, qui n’a jamais vraiment fermé, rouvre ses portes avec une exposition collective. Intitulée Hommage à la Beauté, en résonance avec l’exposition présentée pour son 20ème anniversaire en 1995, elle rassemble d’historiques photographes – Alvarez Bravo, Boubat, Riboud, Charbonnier – et amorce une période cruciale pour cette véritable institution parisienne. L’Œil de la Photographie s’est entretenu avec Agathe Gaillard, aujourd’hui conseillère de la galerie, et Fiona Sanjabi, sa nouvelle directrice.
Deux ans après l’annonce de la « fermeture » de la galerie Agathe Gaillard, le lieu « rouvre » ses portes. Pouvez-vous nous expliquer ces événements ?
Agathe Gaillard : David Azéma, collectionneur historique de la galerie, a décidé d’assurer sa continuité. Il était important pour moi que ce lieu reste consacré à la photographie.
Agathe Gaillard, vous vous retirez et laissez la place à un nouveau propriétaire et une nouvelle direction. Pouvez-vous présenter ces personnes et expliquer leur choix ?
Agathe Gaillard : L’avenir de la photographie appartient aux photographes et à ceux qui seront décidés à la défendre.
Pourquoi avez-vous décidé de continuer à faire vivre cette galerie sans vous ?
Agathe Gaillard : Beaucoup de choses se sont passées depuis 1975, lorsque j’ai ouvert la galerie. La photographie a gagné son droit d’existence, mais il reste encore à faire. Pour assurer l’avenir de la photographie, une équipe plus jeune me paraissait nécessaire.
La première exposition est collective. Parlez-nous de son contenu.
Agathe Gaillard : L’Hommage à la Beauté en 1995 était une réaction à la mode des photos laides. Il s’agissait de demander à chaque photographe une photo qui représentait leur idée de la beauté. En 2017, je suis curieuse de voir ce qui est considéré comme la beauté, parce que lorsque je regarde autour de moi, la notion de beauté ne me paraît pas très présente. Heureusement, les artistes expriment ce que nous ressentons plus ou moins précisément et trouvent la beauté même dans les choses les plus banales, c’est pour cela qu’ils nous sont nécessaires.
Fiona Sanjabi : Tout d’abord, il s’agit d’un passage de flambeau. C’est pour cela que nous avons fait un choix de continuité en résonance avec l’exposition Hommage à la Beauté de 1995. L’essentiel des artistes représentés sont des artistes qui étaient déjà présents dans la galerie. On compte quelques nouveaux venus : Claude Iverné, Emmanuelle Bousquet, ou Alexandre Arminjon. Nous avons demandé à chacun des artistes de s’interroger sur la notion de beauté pour cette exposition. Il a été question d’une discussion et nous en avons conclu que la beauté peut évidemment se trouver partout dans l’œil de l’artiste : le corps d’une femme sculpturale, un paysage, une scène de vie, ou encore dans la rue, dans l’architecture y compris dans un Jicama (légume racine mexicain) lorsqu’il est photographié par Manuel Alvarez Bravo par exemple.
Quels autres projets peut-on espérer ces prochains mois?
Agathe Gaillard : Vous verrez bien.
Fiona Sanjabi : Nous allons avoir une programmation qui mettra en lumière en alternance photographie historique et photographie contemporaine. Il y a également un nouvel espace d’exposition, au sous-sol qui pourra accueillir des photographies bien sûr, mais aussi des projections ou autres, laissons un peu de mystère.
Peut-on connaître le nombre d’artistes que vous représentez actuellement, les noms des plus célèbres et nous dire si vous allez en accueillir de nouveaux.
Agathe Gaillard et Fiona Sanjabi : Actuellement il y en a une trentaine, certains restent fidèles à la galerie, d’autres la rejoignent. Les plus connus sont des photographes du XXème siècle, présents dans la galerie depuis ses débuts.
Quels genres ou styles de photographie va-t-on prochainement découvrir à la galerie ?
Agathe Gaillard : Ce que les photographes feront et qui nous paraîtra important.
Quels sont l’avenir et les objectifs à long terme de la galerie Agathe Gaillard ?
Agathe Gaillard : Assurer la continuité d’une certaine idée de la photographie.
Fiona Sanjabi : La galerie Agathe Gaillard a été, en France, la première à présenter des photographies en les considérant comme des œuvres d’art, lors de son ouverture, ce qui était très avant-gardiste et surprenant en 1975. Quarante-deux ans plus tard, nous souhaitons garder l’âme de ce lieu mythique tout en continuant à étonner.
Propos recueillis par Jonas Cuénin
Hommage à la Beauté
22 septembre – 18 novembre 2017
Galerie Agathe Gaillard
3 Rue du Pont Louis-Philippe
75004 Paris
France