Son nom : Claude Goulet. Il est le directeur des Rencontres Internationales de la Photographie en Gaspésie qui se déroulent jusqu’au au 30 septembre 2020 dans 12 municipalités, villes et parcs nationaux de la péninsule. Nous allons consacrer 2 journées à ce festival.
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Depuis plus de 30 ans, je travaille au sein d’organisations artistiques et culturelles à titre de directeur et de concepteur de projets. Porté par un vif engagement envers les artistes, la discipline et le développement du public, j’ai côtoyé sur ma route le journalisme, les arts vivants, la production cinématographique et, depuis 11 ans, les arts visuels. Je suis habité chaque fois par cette passion, celle de réfléchir avec les artistes, la communauté d’experts et le public, et par une remise en question constante qui permet d’avoir une vision globale et de faire avancer la discipline et, bien sûr, l’organisme.
C’est à l’été 2003, à Arles que je découvre le travail de Jean-Daniel Berclaz,(Berlin) idéateur du Musée du Point de Vue – que j’ai organisé la première mission photographique réunissant cinq photographes. En juin 2009, le parcours de dix installations photographiques est dévoilé au public dans chaque lieu où le paysage a été capté. Ce qui constituera désormais le Parcours du point de vue Gaspésie.
Cette première intervention artistique sur le territoire donnera naissance à la première édition des Rencontres de la photographie en Gaspésie en 2010 don’t j’en suis l’initiateur. En inventant les Rencontres, nous avions le devoir d’innover et de nous démarquer des autres événements en arts contemporains. Pour défendre la photographie, son langage et ses différentes esthétiques, nous avons mis en place un dispositif sur plus de 800 kilomètres, ce qui représente jusqu’à une vingtaine de lieux (intérieurs et extérieurs) dans 17 municipalités et parcs nationaux.
L’une des singularités de ces Rencontres provient du lien étroit créé entre les artistes, le public et les œuvres; il est favorisé par des projets vivants, participatifs, inclusifs et originaux réalisés sur un vaste territoire. Une galerie d’art s’étendant sur l’ensemble du littoral gaspésien !
La concrétisation de ce grand chantier fédérateur que sont aujourd’hui les Rencontres, je le dois à la générosité des artistes et à la confiance de nos partenaires que sont les villes hôtes, et plus de vingt-deux lieux qui, année après année depuis une décennie, prennent avec nous le beau risque de la création.
Au travers des différents parcours qu’offre l’événement se sont ainsi greffés des volets venus enrichir et moduler la proposition de départ : des résidences de création, des projets de médiation, un réseautage national et international, des missions photographiques sur le paysage québécois contemporain, l’instauration d’une collection sur le livre photographique, la création de la maison d’édition Escuminac, la mise en chantier d’un parcours d’œuvres pérennes in situ.
Dès la création de cette manifestation, j’ai souhaité placer le réseautage au cœur de notre mission! Cette mise en réseau valorise l’exploration et la diffusion nationales et internationales en offrant des résidences croisées, des expositions et un programme d’échanges artistiques avec entre autres Diaphane, pôle photographique en Hauts-de-France (depuis 2015).
En 2016, des liens se sont également noués entre la direction artistique des Rencontres et l’organisme nantais PUI- Pratiques et Usages de l’Image, soulignant des aspirations et des questionnements communs autour de la photographie et de la place du livre. C’est de cette réflexion qu’est née en 2019 l’idée de créer une plateforme internationale sur le livre photographique d’auteur. L’objectif est de concevoir une forme d’exposition originale et des rencontres autour d’un objet, le livre photo, qui favorise la circulation et le rayonnement de travaux d’artistes tout en stimulant l’intérêt auprès d’un large public.
De ces filiations sont nés aussi des rendez-vous qui ont permis d’élargir le cercle à d’autres partenaires en France, en Italie, en Lituanie et, bien entendu, au Québec. En somme, par l’éventail des actions que j’ai mis en place, nous souhaitons cerner et comprendre les spécificités de chacun des organismes afin de jouer un rôle de catalyseur artistique.
Aujourd’hui, nous avons le devoir de poursuivre, d’innover, d’inventer et de multiplier les collaborations pour faire en sorte que rayonnent les artistes, leurs œuvres et tout ce territoire… la Gaspésie.
Claude Goulet
Directeur artistique
Thème de cette 11e édition
« Résistance » est le mot juste pour lancer cette 11e édition! Bien avant la situation mondiale actuelle, le thème de la résistance trouvait son sens en opposition à l’état de la planète, à cette course à l’équilibre budgétaire à tout prix, à ce manque d’humanité et à l’environnement ô combien de fois bafoué au nom de l’économie.
Demeurer, durer, résister : voilà une réponse qui s’offre à nous lorsque nous sommes submergés par quelque chose de plus grand que nous. L’art, la photographie, en adéquation avec une œuvre-révélation, des sites-artistes et la conscientisation d’un territoire constituent la richesse de ce parcours déployé sur plus de 800 kilomètres. Le corps artistique de cette édition prend forme en regard d’une vision, d’une proposition ouverte et poétique. La photographie, l’image en mouvement, interroge, s’élève, surprend, bouleverse, déstabilise. Comme en opposition à la tragédie actuelle… Nous avons réuni des artistes dans un projet artistique catalyseur offrant différents points de vue sur le thème de la résistance. Il y est également question de la protection du bien commun, de l’acte individuel et collectif. Tel un observatoire sur l’état des lieux qui se veut plein d’humanité et d’espoir, la photographie a cette force de faire voir l’invisible!
Résister se reflète dans notre décision de lancer des expositions extérieures jusqu’au 30 septembre 2020 en vue d’offrir, en tout sécurité, au public une programmation empreinte de lumière et de poésie.
