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Rencontre avec Philippe Gassmann, Directeur général de Picto et partenaire des Rencontres d’Arles

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Un an presque jour pour jour après la publication de son interview dans L’Oeil de la Photographie, nous avons rencontré à nouveau Philippe Gassmann, Directeur général du laboratoire Picto et partenaire des Rencontres d’Arles qui s’ouvrent aujourd’hui. L’occasion de faire le bilan de cette année écoulée et de nous parler de la création de Picto Foundation.

Nous vous rencontrions il y a un an, juste avant l’ouverture d’un labo Picto à New York. Quel bilan tirez-vous de cette première année? Quelle différence faites-vous avec le marché européen ? Quelles sont les prochaines étapes? 

C’est une expérience très excitante. Nos clients sont ravis. Picto New York offre à Picto Paris de nouvelles opportunités. Nous répondons aux besoins des groupes de luxe internationaux qui recherchent, sur plusieurs continents, une offre de services identiques à celle de Paris. Nous sommes rentables dès la première année, ce qui va nous permettre à présent de mettre en place des prestations dédiées aux photographes.

En septembre 2016, avec, Édouard Beaslay qui dirige le labo aux États-Unis, et Julien Alamo, qui a conduit la conception du nouveau Picto Online, nous lançons un service de tirage en ligne à New York. Nous pensons que les photographes professionnels attendent un service Picto Online tel que développé en France depuis presque dix ans. Et si l’expérience réussit, nous poursuivrons le développement du concept dans d’autres pays d’Europe.

Vous avez lancé la nouvelle version Picto Online le 1er juin 2016. Rencontre-t-elle le succès escompté ?     

Avec la nouvelle plateforme Picto Online nous voulions mieux optimiser les besoins des utilisateurs actuels et permettre à un plus grand nombre de photographes d’accéder à la qualité Picto en ligne.

Sur le premier point, les retours sont très encourageants ! J’aime à partager le témoignage du photographe Emeric Lhuisset qui y voit une version de Picto Online plus complète et surtout très accessible pour ceux qui ne seraient pas encore experts des différentes prestations possibles, comme le retour de Franck Seguin, le rédacteur en chef Photo de Ciel et Espace, qui semble de son côté apprécier un processus de commandes plus fluide – 2 étapes au lieu de 7 précédemment -.

Pour le second point, nous voulions un design et une ergonomie intégralement revus, une action « glisser-déposer » pour faciliter l’envoi des fichiers, un découpage plus fin des prestations, la présence de pictogrammes et d’illustrations pour les comparer, la prévisualisation des options d’encadrement en direct sur vos images, bref des évolutions significatives qui nous ont demandé trois ans de développement… Je crois que le résultat est au rendez-vous pour répondre aux exigences des photographes déjà clients sur Picto Online et aux attentes de nouveaux utilisateurs.

Un petit mot sur le rachat de Janvier ?

Nous sommes très heureux de ce rapprochement de sensibilités et de savoir-faire, tout comme de l’équipe en place. Nous avons réinvesti dans les derniers matériels à la pointe et je me réjouis du maintien à la fois significatif et qualitatif de l’activité. Les équipes restent très complémentaires à celles de Picto, ce qui nous permet de mieux couvrir les besoins du marché, à la fois dans l’étendue des demandes et des projets des photographes, et dans la diversité des prestations nécessaires à l’industrie du luxe.

On a pu voir tout au long de l’année que Picto est partenaire de nombreux évènements : expositions, festivals mais aussi soutien dans les écoles de photographie… Pouvez-vous nous expliquer votre rôle auprès des écoles ?

Picto a toujours défendu une vocation d’incubateur de professionnels de la photographie, de passeur de savoir-faire.  C’est ainsi qu’un bon nombre de professionnels du labo – tireurs ou retoucheurs – ont fait « leurs armes » chez Picto.  Et, comme c’est souvent le cas dans l’artisanat, la transmission des savoir-faire se fait aussi d’une génération à l’autre. C’est le cas chez Picto avec l’accompagnement que réalise Payram pour partager et, de fait, prolonger son expérience exceptionnelle de tireur noir et blanc à l’agrandisseur.

Cette ambition « pédagogique » passe aussi par le soutien des jeunes générations de photographes. Nous sommes attentifs à la diffusion de notre savoir auprès des écoles de photo et d’arts visuels. Par des partenariats avec plus de 30 établissements, étudiants et enseignants bénéficient dans le cadre de leur formation de conditions très avantageuses sur des outils pédagogiques impossibles à intégrer, à gérer et à maintenir pour la plupart des écoles – notamment les imageurs photo –. Il s’agit pour nous de favoriser l’accès des jeunes générations aux compétences d’un labo professionnel en leur proposant, par le biais de Picto Online,  une solution de qualité adaptée à leurs besoins et à leurs moyens. Outre les tarifs très remisés dont ils disposent, les étudiants trouvent sur notre espace de tirages pro en ligne un environnement personnalisé où développer leur pratique avec une grande autonomie.

Depuis près de vingt ans, cet accompagnement des nouvelles générations prend chez Picto également la forme de Prix initiés ou soutenus par le labo, des rendez-vous désormais reconnus par la profession comme un des leviers indispensables pour permettre aux jeunes talents d’émerger. C’est le cas de la Bourse du Talent et du Prix Picto de la Jeune Photographie de Mode notamment.

Quels sont vos projets à Arles cette année, quelles expositions avez-vous soutenues ? Qu’est-ce qui motive vos choix en matière de soutien aux photographes ?

Pour sa deuxième année à la tête des Rencontres d’Arles, Sam Stourdzé propose une programmation éclectique avec une quarantaine d’expositions répondant à plusieurs thèmes et appelant naturellement autant de prestations diverses de notre part. Accompagner un festival comme les Rencontres dans la durée et sur un certain nombre d’expositions permet d’impliquer nos artisans autour d’un projet complet et d’y engager de la complicité et une certaine conviction.

Techniquement, l’exercice est aussi intéressant. En fonction des exigences du photographe, de l’approche du commissaire en charge de l’exposition, du sujet abordé ou des contraintes de l’espace d’accrochage, nous devons répondre au plus juste à chaque demande formulée. Cette année, Picto produit des expositions argentiques à l’agrandisseur, comme des tirages jet d’encre pigmentaire ou encore des impressions latex sur dos bleu. C’est très stimulant pour nos équipes !

Picto collabore avec les Rencontres sur près de dix expositions pour cette édition 2016. Difficile dès lors de marquer des préférences… Ce qui me séduit c’est peut-être cette diversité photographique que cela nous invite à visiter. Être présent autour du prix Découverte avec le travail de Beni Bischof proposé par Stefano Stoll me passionne autant que de suivre les vestiges de la Ligne Maginot d’Alexandre Guirkinger. Il faut venir à Arles, apprécier les tirages…, c’est à chacun ensuite d’y trouver ce qui le fera vibrer !

Pourquoi créer un fonds de dotation? Quelle sera sa mission? À qui s’adresse-t-il?

La création de Picto Foundation s’inscrit dans la continuité d’une histoire de 65 ans. Depuis la création du labo par mon grand-père Pierre Gassmann, chaque génération a successivement adapté et développé l’activité en restant fidèle à des valeurs d’innovation et de partage. Ainsi, Picto n’a pas attendu aujourd’hui pour accompagner et soutenir les progrès comme les épreuves de la photographie. De nombreux projets ont vu le jour depuis les années 1950, d’abord pour aider les amis de Magnum, ensuite pour épauler fidèlement les pionniers des prix photo comme la Bourse du Talent. Puis bien d’autres occasions se sont enchaînées pour soutenir les photographes.

Pour autant, il s’agit aujourd’hui d’en intensifier l’énergie et d’en pérenniser les actions, dans une époque où les photographes ont plus encore besoin de notre présence. C’est dans cet esprit que j’ai souhaité la création de Picto Foundation. La structure, dont nous avons confié la mise en œuvre à Vincent Marcilhacy, rassemblera des projets soutenus dans la durée par le laboratoire Picto. Des projets historiques dont nous voulons garantir la continuité, des propositions originales que nous voulons encourager et des initiatives plus personnelles que nous allons développer.

Nous travaillons dans ce sens à la préparation d’un programme d’actions susceptibles de répondre aux principales attentes que nous percevons de la part des photographes : promouvoir, partager et préserver la photographie. Chacune de ces missions nous tient à cœur tant leur vocation résonne avec l’ADN maison.

Picto a besoin des photographes, alors quelle meilleure ambition que d’en accompagner l’émergence ? Promouvoir la photographie c’est, pour nous, stimuler les photographes dans la réalisation de leurs séries et reportages, et accompagner leur parcours dans le monde de la photographie. Si le Prix Picto de la Jeune Photographie de Mode comme la Bourse du Talent y contribuent activement, nous avons décidé de compléter notre soutien aux photographes en devenant mécène du Prix Niepce – un mécénat dont la dotation sera résolument atypique comme nous aurons prochainement l’occasion de le détailler –.

Conscients aussi des difficultés des photographes dans la diffusion de leurs œuvres, nous consacrons une large partie du programme de Picto Foundation à l’idée de partager la photographie. Il s’agit là de collaborations pérennes avec des photographes, des lieux et des manifestations pour la conception de leur programmation. Picto Foundation continuera notamment de soutenir Le Bal à Paris, ou bien encore l’énergie des Promenades Photographiques de Vendôme, etc. D’autres projets seront intégrés comme l’accompagnement de Fisheye Gallery – une initiative du magazine Fisheye, qui nous a séduits dans son ambition à soutenir, elle aussi, l’émergence –.

Enfin, et à lui seul cet axe de Picto Foundation sera structurant, préserver la photographie. Depuis plus d’un demi-siècle, Picto rassemble des artisans qui révèlent nos images, sur de multiples papiers comme sur supports rigides, à partir du négatif comme du pixel, s’efforçant au mieux d’anticiper les besoins des photographes et d’absorber les évolutions technologiques. Nous en revenons à ce rôle de passeur dont je parlais plus haut. Préserver la photographie, c’est en assurer la transmission d’une génération à l’autre, d’une époque à une autre, d’une technique traditionnelle à un procédé high-tech. Une ambition qui, pour Picto Foundation, prendra la forme de la constitution d’une collection de photographies dédiée en priorité aux talents émergents, d’un accompagnement des écoles de photographie et d’arts visuels dans leurs pratiques photographiques, et d’un programme de dialogue entre savoir-faire traditionnel et technologie de pointe.

C’est autour de ce programme, de ces ambitions et de ces objectifs, que naît Picto Foundation, une initiative qui je l’espère apportera un soutien et des perspectives réjouissantes à nos métiers de la photographie et à leurs acteurs d’aujourd’hui.

INFORMATIONS
Laboratoire Picto
53 bis, rue de la Roquette
75011 Paris
France
http://www.picto.fr

Service en ligne : https://www.pictoonline.fr

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