Des fruits, des légumes, des animaux… Ces drôles de dessins colorés envahissent chaque année la ville d’Arles pour le festival des Rencontres de la Photographie. Cette identité graphique volontairement décalée, on l’a doit à Michel Bouvet, affichiste et graphiste. Cette année, à l’occasion des dix ans de la nouvelle formule des Rencontres d’Arles, le festival a souhaité rendre hommage au créateur de ses affiches en organisant deux expositions : la première aux ateliers SNCF pour partager avec le public l’ensemble des propositions et le processus de création de l’affiche, et la seconde à l’Abbaye Montmajour avec une exposition plus complète sur le travail de l’artiste.
La première affiche que vous avez réalisée pour les Rencontres d’Arles était l’illustration d’un piment. Pouvez-vous nous raconter votre démarche de cette première réalisation ?
Lors de ma première rencontre avec François Hébel, je lui ai tout de suite dit que par principe, je ne souhaitais pas utiliser le médium photographique pour la réalisation de l’affiche. La majorité des festivals photo utilise la photographie, j’ai donc volontairement prit le contre-pied de ce qui se fait habituellement. J’ai trouvé un principe différent en utilisant des techniques graphiques, voire plastiques, pour la réalisation de l’affiche, avec des contours noirs très épais, et les points en hommage à Liechtenstein.
J’ai également choisi la couleur pour évoquer à la ville : le jaune est une couleur particulièrement présente à Arles. Le piment, comme nature morte, en référence à la peinture.
S’en est suivi les petits pois, le citron, l’aubergine, la carotte puis soudainement vous êtes passé au animaux avec le chat, le rhinocéros… et aujourd’hui le zébu ; pourquoi ces choix ?
J’ai décliné l’idée première de nature morte avec les légumes et les fruits, ensuite s’est présenté à moi logiquement le portrait avec le chat, le rhinocéros… Il ne s’agit pas seulement d’une logique de représentation, il y a une méthodologie de travail, une réelle démarche qui a été très longue à se mettre en place. Les couleurs sont toujours très vives, toujours en décalage avec le sujet : c’est ainsi qu’on a un chat ou un rhinocéros rose ou encore un zébu bleu !
À chaque édition, je réalise une vingtaine d’esquisses qui sont présentées au directeur et à l’équipe du festival, le décision finale est un travail d’équipe, une sorte de “liturgie des esquisses”.
Les choix sont maîtrisés et délibérément décalés.
Les réactions sur les affiches sont souvent très vives, voir très critiquées. Comment réagissez-vous ?
Je pense qu’on ne fait jamais l’unanimité. Si on la faisait ce serait d’ailleurs inquiétant.
Je suis content des réactions, qu’elles soient positives ou négatives. En 2007, il y a des gens qui ont détesté le chat, et c’est bien : ça prouve que ça fait réagir !
Et pourtant, chaque année le choix de l’affiche est très attendu, c’est comme un jeu. Chacun y voit un peu ce qu’il veut : une vache ou un zébu, un oiseau ou un coq, un hippopotame ou un rhinocéros ! …
Ericka Weidmann
Rencontres d’Arles 2011
Michel Bouvet
Du 4 juillet au 18 septembre
Atelier de Maintenance
10:00 – 19:00
Du 6 juillet au 18 septembre
Abbaye de Montmajour
10:00 – 18:30