L’Association Fetart est née en 2005 dans le but de promouvoir le travail des jeunes photographes. Sept ans après, Fetart organise à Paris la seconde édition du festival Circulation(s) , qui offre une scène à la photographie contemporaine européenne. Nous avons rencontré Marion Hislen , présidente de l’Association Fetart, pour qu’elle nous présente cette structure passionnée et féminine à 100%.
Ericka Weidmann : Marion Hislen vous êtes présidente de Fetart, structure organisatrice de Circulation(s). Pouvez-vous nous dire dans quel contexte vous avez créé ce nouveau festival dédié à la jeune photographie européenne ?
Marion Hislen : Fetart a pour objectif de faire la promotion des photographes émergents, en leur donnant une première occasion d’exposer leur travail. Depuis la création de l’association en 2005, nous avons exposé plus d’une centaine d’artistes dans divers lieux; nous sommes nomades, nous n’avons même pas de bureau ! Nous avions organisé dans le cadre du mois de la photo en 2008, une exposition réunissant 17 photographes européens, cela a été le déclencheur de notre intérêt pour l’Europe. En parallèle et au fil des ans, nous avons noué avec des collectifs, des organisateurs de festivals, des galeries, des écoles, un solide réseau de contacts qui nous a permis de créer une véritable dynamique. Cela a abouti en 2011 à l’organisation de la première édition de Circulation(s).
Mais notre format « festival » est plus classique : une date précise, un lieu précis, nous rentrons un peu dans le rang, l’âge de raison certainement !
EW : La première édition a eu un vif succès, avec une forte affluence témoignant de l’intérêt du public. Pourquoi un tel succès ? Pensez-vous que les gens sont en attente d’une telle manifestation ? Et quel type de public avez-vous ?
MH : Tout d’abord il faut savoir que Fetart a un public qui nous suit depuis toujours. Nous permettons au public parisien exigeant de découvrir des artistes et des lieux. Nous faisons toujours nos expositions dans des lieux atypiques, voir improbables ! Au cœur même du projet, le milieu associatif apporte une dimension humaine.
Les artistes sont très présents, ils suivent le projet depuis le début, ils montent l’expo avec nous : c’est comme une famille le temps d’une exposition. L’effet est réel et palpable : un engagement de la part de l’artiste, une vision libre et engagée et un rapport au public dénué de toute valeur marchande, je vous assure ça fait la différence !
Pour finir nos événements sont toujours gratuits, ça aide à être populaire.
EW : Avec l’expérience de l’an passé, y a t-il des choses qui vont changer, évoluer… pour l’édition 2012 ? Avez-vous pu profiter des critiques pour faire avancer la manifestation ? Par exemple, certains regrettaient de ne pas voir assez de tirages par photographe. Le manque de place et la difficulté d’habiter le lieu rend l’exercice périlleux, mais verrons nous plus d’images par artiste ?
MH : Oui, nous avons diminué le nombre de photographes, donc il y a plus de place par photographe et nous disposons cette année d’un espace supplémentaire au sein du Parc de Bagatelle, le Trianon, grâce au soutient de la mairie de Paris. Ce nouvel espace ne sera pas chauffé pour des raisons de sécurité électrique mais nous avons trouvé des subterfuges ! Nous avons aussi plus d’artistes invités que nous avons croisés et aimés cette année, beaucoup de suisses notamment…
EW : Vos actions ont lancé de nombreuses carrières, quels sont les artistes de l’édition 2011 qui ont été révélés grâce à vous ? Je pense par exemple à Maia Flore, jeune photographe de 24 ans, qui est aujourd’hui distribuée par l’agence Vu’ et représentée par la Galerie Madé !
MH : Oui, nous avons aidé beaucoup d’artistes à être révélés. Notre ambition est de les exposer et de leur apporter le plus de visibilité possible pour qu’ils soient remarqués par des professionnels. C’est très important d’avoir une réelle utilité dans une démarche associative.
Les photographes ne comprennent pas toujours qu’en tant que bénévoles, le lien affectif et émotionnel est plus fort. Un « merci », c’est ça notre retour sur investissement !
Mais quel réel bonheur et quelle fierté quand à la suite d’une expo, ils sont engagés dans une agence ou une galerie !
EW : Est-il important pour vous de parrainer le festival ? Comment choisissez vous l’identité des parrains, qui, jusqu’ici, ont été des marraines ?
MH : Prendre une marraine nous permet de nous confronter à un autre regard. Cela nous aide à nous renouveler. Fetart est un véritable gynécée, il n’y a que des filles, alors assez naturellement nous prenons des marraines ! Chaque membre de l’équipe peut faire des propositions, nous décidons ensuite de manière collégiale. Le choix de la personne est avant tout le fruit de rencontres comme par exemple avec Laura Serani, notre première marraine, que nous ne remercierons jamais assez d’avoir eu le courage de soutenir la première édition.
EW : Vous avez reçu plus de 600 dossiers pour participer à la seconde édition de Circulation(s); seuls 24 photographes ont été retenus. Comment s’opèrent vos choix ? Quels sont vos critères de sélection ?
MH : Nous examinons les dossiers sur environ deux semaines pour ne pas saturer, et permettre d’examiner chaque dossier avec soin. Une vrai leçon de Taylorisme : ouverture du dossier, étalage sur la table, inscription sur le tableau excel, remise dans enveloppe … Nous faisons une première pré-selection, puis le jury final – dont nous faisons partie – se réunit pour examiner environ 150 dossiers.
Lors de la pré-selection le critère est assez ‘simple’ : qualité du travail, cohérence des images, choix de l’editing, parcours du photographe… Quand nous avons un doute, ou si nous ne sommes pas d’accord entre nous, nous le faisons passer et c’est le jury qui tranche.
Pour le jury c’est plus un choix d’ensemble; un travail peut énormément nous plaire, mais ne pas être cohérent avec l’ensemble. Cette année en nouveauté, SFR Jeunes Talents a sélectionné 3 artistes après le jury pour les rentrer dans leur programme, un beau cadeau pour les artistes du jury.