Le décor chez Rémi Voche est sans conteste celui qu’a bien voulu lui prêter la nature. Ce terrain de jeu, que le performeur investit à travers le geste ou la simple posture, constitue l’étendue des rapports qu’il entretient avec elle. Or, le motif, bien qu’essentiel à ses compositions, donne l’impression de s’évanouir : le sujet n’est plus, tant il puise en elle les figures qui lui permettront visuellement de se fondre, d’apparaître ou de disparaître du paysage. Réalisant, souvent dans le plus simple appareil, des actions dont la photo et la vidéo se feront supports ou traces, l’artiste fait appel aux attributs relatifs à cette nature préservée, branchages, troncs, pierres, mais aussi parfois à celle parasitée par les stigmates de l’homme moderne. Un casque de soldat ici, un bonnet rouge ou une cape noire, tous ces symboles ou apanages concourent à l’identifier, à marquer l’échec d’un unisson impossible. Un peu de venin glissé entre les branches.
Photographies et vidéos accaparent donc l’essentiel de ce travail plastique même si l’esthétisme s’efface derrière une intuition que rien ne peut plus arrêter. Pour vouloir faire corps au sens littéral avec la nature, Rémi Voche ne se lassera pas de raconter le déracinement, cette tentative de reconnexion de l’homme avec son environnement. L’absurde et l’humour peuplent l’iconographie de ses images qui ne sont pas sans rappeler subtilement, certaines grandes figures de l’histoire de l’art. Sorte de Gustave Courbet contemporain triomphant au sommet de son rocher ; sans doute doit-on y voir une posture romantique se dissimuler derrière l’Art corporel tel qu’il est expérimenté par Rémi Voche, tout comme les « accessoires » naturels ou manufacturés qui lui servent à se camoufler ou se recouvrir. Peut être de celles qui revendiquent le pouvoir des ruines sur celui des machines, et espèrent secrètement trouver les ressources nécessaires à leur survie.
Né en 1983 à Lagny-sur-Marne, Rémi Voche vit et travaille à Paris. Cet ancien diplômé de la Villa Arson de Nice (2012), présente actuellement trois pièces de son travail à la galerie Louise jusqu’au 30 juin prochain. Parmi celles-ci, deux films vidéo : Rassemblement et Noir Orage, et un grand tirage « nocturne » Feudecroisement qui, par son gigantisme et la pénombre dans laquelle la scène est plongée, joue comme en rappel, la mélodie originelle d’un temps où nature et culture pouvaient trouver un équilibre susceptible de pérenniser leurs liens.
EXPOSITION
Fissions
18 avril- 30 juin 2015
Galerie Louise
4, Place Séverine
93310 Le Pré-Saint-Gervais
France
Sur une proposition de Fanny Lambert avec Charlotte Charbonnel, Nils Guadagnin, Bertrand Rigaux, Ellen Shroven et Rémi Voche
https://www.facebook.com/events/678835872221209/
