Ranee Palone Flynn est décédée des suites d’un long combat contre le cancer. La dernière fois que je lui ai parlé, c’était juste avant Noël, je me préparais à partir en Écosse. Je voulais prendre de ses nouvelles, même si nous n’avions pas de projet en cours. Je souhaitais juste savoir comment elle allait, et qu’elle sache que je pensais à elle. Elle avait la voix fragile. « Cette saleté me met une sacrée raclée, » m’a-t-elle dit. « Je te rappellerai quand je me sentirai mieux. » C’est la dernière fois que nous nous sommes parlé.
Julia Felsenthal a écrit dans l’édition du 19 août 2013 du New York Times Style Magazine : « Les clichés de Flynn (principalement des portraits d’adolescents à la dérive, d’androgynes et de jeunes femmes en quête d’identité) sont pris avec une tendresse toute maternelle, sous un éclairage calme qui rappelle les tableaux de la Renaissance flamande, et leur qualité tient au talent de la photographe pour saisir l’instant où un échange émotionnel se produit avec son sujet. » « De ses images émane une sorte d’innocence, une acceptation à bras ouverts », ajoute le photographe Bruce Weber.
Ranee était une grande artiste, et son œil, sa vision du monde, vont me manquer. Sa photographie témoigne de la grande empathie qu’elle ressentait pour les personnes qu’elle photographiait. Elle aimait les filles dures à cuire et les gars sensibles, et avait un don pour établir un contact presque immédiat avec eux, qu’il s’agisse d’adolescents ou d’adultes.
Pourtant, la plupart de nos rencontres de travail ne duraient que quelques minutes. À l’inverse, les conversations sur la vie étaient longues. Je la vois encore, descendant l’escalier menant à mon appartement, et me lançant ce dernier conseil :
« Protège ton cœur. Ouvre ton cœur. »
Peter Hay Halpert
Peter Hay Halpert est un marchand d’art américain dont les collections couvrent toute l’histoire de la photographie, de sa naissance à nos jours.