Les travaux regroupés sous le titre Border Lines ont été réalisés lors de séjours en Israël et dans les Territoires palestiniens. La mise en œuvre de ces images fait foncièrement appel aux technologies numériques; basées sur un montage au format panorama, les images entretiennent avec la réalité un rapport utopique et descriptif.
Les scènes ont toutes été observées à partir d’une topographie précise, mais selon des temporalités différentes. Ainsi, dans le même lieu, les désaccords de temps se trouvent re-synchronisés par l’image et ses coutures laissées apparentes : la terre sainte devient un espace de rencontres possibles, de scènes imaginées tout en restant présente dans sa réalité topographique.
Retravaillées par calques successifs, les prises de vues fonctionnent comme un carnet de croquis et de notation visuelle. Le travail numérique n’est pas mobilisé pour produire une gamme d’effets mais pour requalifier le réel, il s’agit donc d’un usage profond du numérique qui conditionne un rapport au monde. Le monde dont Cordesse nous parle ici , en ces lieux si symbolique et généralement pris dans les stéréotypes médiatiques, est une grande scène où le quotidien rejoint les enjeux historiques des civilisations qui s’y côtoient.
L’artiste exerce ainsi, à partir des problématiques de traitement de l’image, une pratique qui se tient à mi chemin entre la réflexion sur la responsabilité des photographies et sur le potentiel imaginaire qu’elles déploient. Attestant, s’il en était encore besoin, que les arts du numérique sont sortis du temps de l’exploration candide de leur ressources expressives pour se muer en de véritables instruments d’innovation créatrice.
Michel Poivert
Alexis Cordesse commence sa carrière de photographe en 1991, comme reporter, à l’âge de 20 ans. Ses photographies sont publiées dans la presse française et étrangère. Après ces premières années d’initiation, il s’éloigne de la pratique du reportage d’information. Expérimentant de nouveaux supports de diffusion, comme le cinéma ou l’installation, travaillant dans l’actualité et non plus pour l’actualité, il réinvente une distance et une durée, sans instituer l’une ou l’autre en norme esthétique. Du portrait à la Street Photography, sans s’attacher à un genre particulier, sa recherche artistique se nourrit d’une réflexion critique sur la responsabilité des images et l’éthique du témoignage.
Ses travaux ont été présentés notament à la Dokumenta XI à Kassel (2002), à l’ICP à New York (2003), à Paris lors du Mois de la Photo (2010). Il a reçu le Prix Lucien & Rodolf Hervé en 2010, le Prix Arcimboldo en 2011.
Alexis Cordesse – Border lines
Du 18 novembre au 5 décembre 2012
Exposition produite et diffusée par l’Institut Français.
Centre Khalil Sakakini
PO Box 1887, near the Luthren Street
Ramallah, Palestine