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Quentin Bajac par –Denis Canguilhem

Dresser le portrait de Quentin Bajac pourrait se résumer en quelques lignes factuelles. Conservateur au département de photographie du Musée d’Orsay à ses débuts, puis conservateur en chef du département de photographie au Centre Georges Pompidou aujourd’hui, enseignant à l’Ecole du Louvre, auteur de nombreuses expositions remarquées et d’ouvrages qui portent la marque d’une historiographie renouvelée sur de nombreux sujets, Quentin Bajac incarne de manière exemplaire la nouvelle génération de conservateurs/commissaires d’exposition.

Dresser le portrait de Quentin sous son aspect psychologique ou son angle intimiste présente plus de difficultés. Pour contourner les écueils inhérents à ce type d’exercice nous avons décidé d’opter pour la parabole en choisissant le football comme terrain d’étude.

Comme la gestion d’une collection ou la conception d’une exposition, le football est en effet une entreprise qui requiert des qualités d’intelligence collective. Comme chacun le sait, le football est un jeu qui oppose deux équipes chacune composée de 11 joueurs placés sur le terrain à des postes déterminés selon des fonctions bien précises. Selon les qualités techniques, athlétiques et les aptitudes psychologiques du joueur, ce dernier se verra attribuer un poste de défenseur, de milieu de terrain ou d’attaquant, auquel lui est associé un numéro. Ainsi, le gardien de but porte le n°1, les défenseurs centraux les numéros 4 et 5, l’avant-centre le numéro 9 et ainsi de suite. Mais de tous les postes, il en est un plus important que tout autre. Il s’agit du joueur qui porte le numéro 10, celui de milieu créateur. Sur un terrain de football, Quentin Bajac porterait le numéro 10, comme une évidence.

De tous les joueurs placés sur le terrain, le numéro 10 doit créer le jeu, c’est pour cela qu’on l’appelle « milieu créateur ». C’est à lui que revient la lourde de tache d’orienter le jeu et de distribuer le ballon aux attaquants. Il doit faire preuve d’une bonne vision du jeu et savoir éliminer les adversaires par ses dribbles en alternant jeu court, quand il y a une forte concentration de joueurs, jeu long, pour changer l’orientation du jeu, ou en usant de balle en profondeur pour l’avant-centre. A cela s’ajoute des qualités de finisseur pour marquer des buts. Il participe également au travail défensif en bloquant les couloirs pour empêcher les arrières adverses de monter.

Loin du défenseur rugueux ou de l’attaquant fantasque, le numéro 10 est donc un véritable animateur qui doit épouser des fonctions à la fois offensive et défensive. Les plus grands joueurs ont occupé le poste 10. Si aujourd’hui ce profil de joueur tend à disparaître au profit de joueur plus offensif qui rechignent aux tâches défensives, c’est au profil à l’ « ancienne » que doit être associé Quentin Bajac. Altruiste, intelligent, fin, adepte du beau jeu, humble, autant de qualificatifs associables à ces joueurs de légendes que furent Di Stephano, Pelé, Platini ou Zidane. Et si comme nous le pensons, la fonction de conservateur/commissaire d’exposition lorgne du côté du football, alors nul doute que Quentin Bajac sera considéré plus tard comme un joueur de légende.

Denis Canguilhem

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