La 21 ème édition de Paris Photo s’ouvre cette semaine. Elle se tient du 9 au 12 novembre au Grand Palais, à Paris. Sous la nef du bâtiment seront présents pas moins de 160 galeries et 30 éditeurs provenant de 30 pays différents. L’Oeil de la Photographie vous guide parmi les dizaines de stands à visiter.
Gilles Caron, Swiss Rebels et les routes de Jungjin Lee
Pour la troisième année consécutive, le Salon d’honneur accueille le secteur Prismes. Au programme : 14 projets d’envergures; installations, œuvres sérielles et grands formats. Parmi eux, les photographies de Gilles Caron, celui que l’on surnomme le « French Capa ». La galerie School Olivier Castaing présente un wallpaper panoramique qu’elle a intitulé « chorégraphie de la révolte » rendant hommage au travail du photographe mort à l’âge de 30 ans. Comme l’indique la galerie, il a effectué une véritable « écriture de la révolte » en immortalisant des manifestations d’envergures – comme mai 68 – et rendant le corps vivant des manifestants; corps suspendus, à l’attaque, en l’air…De son côté, la galerie Esther Woerdehoff montrera 20 tirages exceptionnels de l’autodidacte Karlheinz Weinberger et sa série Swiss Rebels qui s’intéresse aux visages de la jeunesse marginale suisse dans les années 50. Autre événement : les photographies de la coréenne Jungjin Lee et ses Unnamed road; routes désertiques qui se perdent à l’horizon dans des compositions en noir-et-blanc vibrantes. Dans le secteur « Prismes » seront aussi présentés les travaux de la grecque Evangelia Kranioti, le Washington Documentaries du japonais Katsunobu Yaguchi ou encore les paysages urbains de l’américain John Chiara et sa série About Mississippi.
La photographie allemande mise à l’honneur
Le secteur Prismes présente également trois tenants de la photographie allemande. Le photographe Timm Rautert nous invite à regarder ses Deutsche in Uniform (Allemands en uniforme) qui posent devant un fond uni qui fait ressortir leurs habits. La galerie Kicken expose le travail de Klaus Rinke intitulé Mutations I et qui fait la part belle à ses performances proches de l’Action art. De son côté la galerie berlinoise Only Photography met à l’honneur Wilhelm Schürmann et ses scènes de la vie ordinaire en Allemagne, ses contemplations urbaines. A ces photographes, s’ajoute une exposition du travail de Karl Hugo Schmölz et ses tirages vintage des années 50 présentés par la galerie Van der Grinten.
Les solos shows : Los Angeles et Yamamoto
Parmi les 29 solo shows, le travail exceptionnel de Dana Lixenberg chez Grimm. La photographe néerlandaise a immortalisé pendant près de vingt-deux ans la vie des habitants du quartier d’Imperial Courts à Los Angeles aux Etats-Unis, épicentre des émeutes raciales d’avril 1992. A Los Angeles aussi, la nouvelle série de Lise Sarfati intitulée Oh man, déambulation dans la ville où elle croise des hommes désœuvrés dans des rues presque vides baignées de lumière franche. On retiendra aussi les portraits de Denis Rouvre exposés par Project 2.0 et pour la première fois à Paris Photo ainsi qu’une exposition sur l’un des plus grands photographes japonais contemporain : Masao Yamamoto, présenté par la galerie Etherton.
L’Iran, la Russie et l’Inde
A ne pas rater également : les photographies de Payram chez Maubert. Chassé d’Iran en 1983 par la révolution islamique, le photographe a développé un travail autour de sa condition d’exilé. Il expose notamment une réflexion sur la mémoire de son pays dans un travail de reintéprétation de ses négatifs dans des tirages en noir-et-blanc. De son côté la russe Olga Chernysheva présente un travail autour de la formule de Baudelaire : « peindre la vie moderne », reprenant la pensée russe que les arts visuels peuvent montrer les changements sociaux à l’oeuvre dans le pays. La galerie Tasveer expose les tirages vintage gélatino-argentique du photographe indien Raghu Rai, découvert en son temps par Henri Cartier-Bresson et qui a immortalisé la vie des rues indiennes. A ne pas manquer non plus, les photographies de la japonaise Rinko Kawauchi qui nous conduit dans un voyage coloré fait d’objets du quotidien (pomme, flamme d’un briquet…) et de petites rencontres visuelles (feu d’artifice, envol d’un groupe d’oiseaux…). Inédites, aussi, les photographies du peintre Sigmar Polke qui se servait parfois d’un appareil photo dans son travail. Semblables à ses tableaux et ses dessins, ses photographies abordent avec humour et dérision son opinion sur la politique et la société ainsi que ses recherches métaphysiques sur l’alchimie.
Les duo-shows
Parmi les 12 duo-shows que présente le Grand Palais, nous retiendront la présence du photographe hollandais Ed van der Elsken aux côtés de Robby Müller et mis en regard par la galerie Annet Gelink. A voir aussi : Katrin Koenning et Sarker Protick avec leur série Astres noirs où les photographes interrogent le clair obscur d’images mêlées de francs contrastes blancs et noirs ; le duo Yojiro Imasaka et Dominique Paul qui questionnent notre relation à la nature et aux paysages ; les deux hongrois Laszlo Lakner et Janos Major qui explorent le passé de leur pays, la guerre froide et les défis d’aujourd’hui.
La Plateforme
Forum expérimental, la Plateforme accueille des conférences sur la photographie avec d’éminents spécialistes. David Campany parlera de la question de la couleur : ce qu’elle représente d’un vue esthétique, social et technique pour la photographie. Mouna Mekouar questionnera la photographie dans ce qu’elle trompe l’oeil et montre qu’elle trompe. Cristiano Raimondi fera pour sa part une brève histoire de la photographie, des débuts au XIXème siècle jusqu’à nos jours, du « réel des pionniers à la méta-réalité de l’univers numérique ».
Le regard de deux invités : Karl Lagarfeld et Patti Smith
Le couturier Karl Lagerfeld est l’invité d’honneur de cette édition de Paris Photo. Il partagera ses coups de coeur sous la forme d’un parcours inédit parmi les milliers d’oeuvres présentées à la foire et un livre publié aux Editions Steidl. De son côté, la galerie Gagosian donne carte blanche à la chanteuse Patti Smith qui montrera ses photographies préférées.
Deux nouveautés : le cinéma et la jeune création photographique européenne
Pour la première fois Paris Photo s’ouvre au cinéma avec quatre jours de projection. Le premier jour sera dédié aux choix de Marin Karmitz avec notamment un film de Noémie Goudal où les membres de l’équipage d’un pétrolier sont filmés en train de descendre dans une cuve de 23 mètres de profondeur. La programmation continue ensuite sous l’oeil de Matthieu Orlean de la Cinémathèque française.
Autre nouveauté : une plateforme de découvertes, de visibilité, d’échanges et de rencontres destinée aux jeunes talents, en master ou Bachelor des écoles de photographie et d’arts visuels européennes. Le projet Carte Blanche Etudiants initié par Picto Foundation. Les projets de quatre étudiants sont ainsi sélectionnés, parmi plus de 50 écoles, et présentés au public dans le cadre d’une exposition Gare du Nord (jusque fin novembre) ainsi que pendant Paris Photo.
Jean-Baptiste Gauvin
Jean-Baptiste Gauvin est un journaliste, auteur et metteur en scène qui vit et travaille à Paris.
Paris Photo 2017
9-12 novembre 2017
Grand Palais
3 Avenue du Général Eisenhower
75008 Paris
France