Avec cette série de dix épisodes d’environ trois minutes, Arte a donné carte blanche à un artiste visuel pour travailler de plein-pied avec l’IA. Résultat ? Une déambulation dans les méandres des images produites par Midjourney avec une dose d’humour et de philosophie.
L’artiste Jocelyn Collages dit avoir eu un « vertige » le jour où il s’est rendu compte de la puissance de fabrication des images que pouvait avoir l’IA. C’est ainsi qu’il a contacté sa productrice, Christella Huillard-Kann, et lui a proposé de se lancer dans une expérience inédite, une série co-conçue avec l’intelligence artificielle. D’abord étonnée, elle s’est laissée prendre au jeu, elle aussi atteinte de ce « vertige ». Bientôt ce sera au tour d’Arte qui finira par dire oui pour diffuser la série baptisée « Prompt » du nom du texte que nous entrons dans l’ordinateur en guise de consigne donnée à l’IA.
« Chez Arte, nous avons toujours eu la volonté d’innover dans l’écriture » annonce Gilles Freissinier, directeur éditorial adjoint d’Arte. « Pour nous, c’était naturel de nous confronter à cette nouvelle technologie. C’est important de la comprendre plutôt que d’en avoir peur. » dit-il encore. D’où la création d’un making-off de la série qui a visiblement très bien marché auprès des spectateurs avides de savoir comment Jocelyn Collages avait fait pour fabriquer ces images. Dans une vidéo, on le voit donc expliquer de quelle façon il travaille seul sur son ordinateur pour produire des tableaux inédits et loufoques nés du logiciel Midjourney.
« Chaque épisode a nécessité environ 6/7 jours de travail et coûté autour de 14.000 euros » détaille Christella Huillard-Kann. « Notre question au centre de chaque épisode était « comment je peux faire rire mes amis avec quelqu’un qui poserait des questions très pratiques à l’IA ? » » explique-t-elle. De fait, dans un épisode quelqu’un demande ainsi à l’IA : « Où sont mes clefs de scooter ? » ou bien dans un autre : « À quelle heure part mon train ? » La réponse oscille alors toujours entre fantaisie amusante et faux témoignage historique, de quoi nous questionner vraiment sur notre rapport au monde et notre passé autant que notre avenir.
Par Jean-Baptiste Gauvin