Nicolas Krief (France) : « Accrochages »
La production artistique qui fut durant des millénaires au service des religions et des cultes est désormais elle-même devenue objet de culte ; elle a ses temples, les musées, et ses fidèles, nous, le public qui chaque année semble plus enthousiaste à s’extraire des contingences de la vie quotidienne pour la célébrer durant les grandes expositions.
Cette série traite du travail dans les musées, lors de la préparation de ces grands-messes. Nicolas Krief commence ce travail en 2010. Les 30 photos présentées ici ont été prises au Grand Palais, au Musée d’Orsay, au Palazzo Ducale de Venise.
Lorsqu’il a commencé ce travail, une de ses premières impressions fut la dimension liturgique des scènes auxquelles il assistait : des objets précieux et admirables, manipulés selon des règles et des procédés strictes, pratiqués par des spécialistes. La question de son rapport à l’objet de musée lui apparaissait rapidement centrale, et son regard s’orientait.
Il voyait clairement s’opérer un phénomène de transsubstantiation : le musée intronisait l’objet exposé, comme objet culte, comme oeuvre d’art ou de pop’art.
Ces moments d’accrochages lui apparaissaient comme des moments d’exception dans le rapport qu’on entretient à l’objet de musée, à l’objet d’art, à l’art. Des moments où s’expriment les différentes proximités au sacré, et les différents rapports à l’oeuvre d’art.
Ses images sont des instantanés. Pas de pose ni de mise en scène, pas d’éclairage d’appoint.
Nicolas Krief est basé à Paris, il travaille régulièrement pour la presse quotidienne et magazine : Le Monde, Paris Match, Le Figaro Magazine, Ideat, The Good Life, Télérama…et aussi pour des institutions muséales. A 20 ans, il lit Les Mythologies de Roland Barthes, qui ont une grande influence sur lui. Il découvre une autre intelligence des signes de notre temps, de la force du langage face aux formules ou aux évidences. La photographie à laquelle il tente d’appartenir n’a de sens que si elle permet et contribue à une meilleure compréhension de la réalité. Nicolas Krief aime donner une dimension littéraire et épique aux situations ordinaires. Son travail personnel l’emmène dans les coulisses des musées et des grandes expositions, où il explore notre relation à l’art et à l’oeuvre d’art, dans sa série Accrochages. Pendant plusieurs années, il a travaillé sur la culture et la vie rurale en France. Sa série “Jours de fête” rend compte des moments de partage et de sociabilité dans la Sarthe.
Son travail est distribué par Divergence Images.
Exposition
11 mars -19 avril 2020
Gobelins, L’École de l’Image
73, boulevard Saint-Marcel,
75013 Paris