Cette histoire parle de femmes qui évaluent leur corps tous les jours: à quoi il ressemble, quelle taille il a, combien de cicatrices il a. Qui les verra nus, ce qu’ils penseront, quels angles semblent les meilleurs, quelles parties de leur corps devraient être cachées. Elles s’inquiètent de leur nudité et de la réaction des gens. Elles ont l’habitude de cacher des parties de leur corps qui «n’ont pas l’air trop belles», même si personne d’autre ne peut le voir. J’ai pris des photos de plus de 30 femmes d’âge différent. Certaines d’entre elles étaient prêtes à se déshabiller, certaines m’ont demandé de ne prendre que des photos de leurs visages. De nombreuses filles n’avaient jamais eu de photos nues auparavant. Après le tournage, je leur ai donné une photo et leur ai demandé de la «censurer» avec du fil rouge. Il n’y avait ni limites ni préférences. Elles pourraient la laisser intacte (ce que beaucoup d’entre elles ont fait) ou la rendre toute rouge. À travers ces images, j’essaie de montrer à quel point cette «autocensure» peut être douloureuse, elle n’est pas aussi anodine qu’on le pense: chaque tentative de rendre nos visages ou nos corps plus beaux, plus maigres, plus jolis laisse toujours des traces sur l’image de nous-mêmes. – Yana Bulgakova