Un chemin photographique
Isabelle Derigo et Thomas Dorn se sont rencontrés il y a quelques années autour d’un projet photographique articulé autour de la notion de jeu et des variations entre identité interne et représentation externe. De ces sessions étalées sur quelques années, ils ont produit un ensemble formé de plusieurs séries de clichés qui illustrent ce parcours tant sur la forme que sur le fond. Isabelle Derigo, la genevoise et Thomas Dorn, l’allemand, ne se ressemblent pas. Isabelle, concentrée, le regard droit, en perpétuelle réflexion, consacre sa vie à la construction et à l’expression de son univers intérieur. Son modus operandi est la conscience du mouvement, celui de son corps, de sa pensée comme de son art. Thomas, grand échelas au regard clair, au franc sourire et à la gentillesse communicative, est habitué lui à saisir cet instant où transparait l’humanité derrière un visage, un décor, une situation. L’une pratique et enseigne le yoga et peint depuis des années, l’autre est photographe et a publié plusieurs livres. De la rencontre de ces deux univers qu’ils ont développés et murit malgré la distance est né ce parcours photographique qu’ils ont intitulé The Yoke, le lien.
Le Nu, le mouvement et l’union des contraires.
L’idée directrice de leur travail photographique est que le monde est fait d’opposés, d’éléments complémentaires qui se renvoient et se nourrissent l’un-l’autre : intérieur/extérieur, individu/collectivité, lumière/obscurité, intimité/publicité… Pour l’illustrer, ils ont utilisé un matériau proche et commun à tous, le corps humain, ce corps nu, sans vêtement, sans «marques», sans autre identité que celle construite dans chaque cliché. Afin de donner une cohérence formelle à l’ensemble, ils décidèrent de s’inspirer pour chaque série de mouvements traditionnels du Yoga et manifester avec douceur, sensualité, humour et poésie ce doux jeu des contraires. Loin d’une apologie rigide d’une pratique millénaire, le corps, cette forme, ce matériau privilégié des artistes depuis que le monde est monde, est devenu une glaise entre leurs mains, une véritable matière vivante se modulant au gré de leur imagination, du sens qu’ils ont désiré donner aux clichés et de cette lumière, de ces décors, qu’ils sont allés chercher, des sites cachés de l’Inde jusqu’au désert du Nevada….
The Yoke, quand l’intérieur est extérieur
Au fil des prises, du temps et de leurs discussions, leur travail s’est développé en 5 séries évolutives autour du Corps, de la Nature, de l’Amour, de la notion de Culture, de Créativité …comme autant d’instantanés décrivant les étapes de nos différents états d’être. Aux clichés intimistes cadrés serrés en noir et blanc où le corps apparait comme une unité hors du monde, en tons gris et dans toute sa palette de nuances, répondent ces images en couleur où le corps se fond comme l’infime partie d’un grand tout dans la grandeur et la beauté des éléments naturels . Une autre série en noir et blanc illustre deux partenaires, deux corps différents, séparés, intimement liés …Mais The Yoke, le lien, est également pour eux un regard sur le temps présent avec ces autres séries où ils se jouent des codes avec humour et ironie, en détournant l’esthétique et le discours du Pop Art et des campagnes publicitaires, ou encore en utilisant la verve créatrice et décalée des participants du festival de Burning Man….
Ces années de travail ont produit une oeuvre riche qui, loin de se limiter au deux dimensions de la photographie, est un support, une invitation tant à la beauté qu’à réfléchir aux différentes identités de notre corps,de notre esprit et de notre rapport à l’autre, qu’il soit nature, animal ou être humain …Isabelle et Thomas continuent leur recherche et préparent un livre qui racontera en images et en mots l’histoire de cette belle aventure.
Isabelle Derigo and Thomas Dorn: The Yoke Series
Exposition des séries 1 et 2
Du 31 mars au 3 mai 2013
Galerie B
26 rue du Général de Gaulle
29930 Pont Aven
France
