De 2007 à 2009, Rémi Dussert et Stéphane Guinard ont suivi le quotidien des policiers du commissariat de la Goutte-d’Or, dans le 18e arrondissement parisien. Tous deux pompiers et photographes, ils ont voulu témoigner des conditions de travail de ces hommes et de ces femmes dont le métier est souvent décrié.
Rémi Dussert écrit : « Alors qui sont ces flics ? Tout simplement des gens qui viennent faire un travail qu’ils considèrent comme ordinaire car c’est le leur dans un arrondissement qui ne l’est pas. Beaucoup ont un regard emprunt d’un réalisme froid sur la société, un peu comme s’ils en étaient les médecins légistes sociétaux. Il faut dire qu’ils connaissent assez finement le genre humain à force de le voir se décliner à longueur de jour et de nuit. Ils sont ceux et elles sont celles qui peuvent parler avec un vieux toxicomane qui ne fait plus tout à fait partie des vivants mais pas encore partie des morts non plus. C’est souvent le cas, à l’occasion d’une affaire de stup, de faire le point sur son errance, ses traitements, parfois ses peurs et ses craintes. A bien y regarder, qui parle aux toxicos ou aux prostitués ? Pour ces flics c’est banal, ils le font naturellement, un peu comme si ça faisait partie du pack entre l’arme de service et la carte de police. Des hommes et des femmes qui se marrent, qui vont au Quick ou au Mac Do acheter de quoi manger en vingt minutes sur un bout de bureau, car une affaire judiciaire est toujours une course contre la montre, qu’elle soit petite, moyenne ou grosse. Des hommes et des femmes pour qui envoyer des dealers en prison est une façon de faire souffler un voisinage voire un quartier quand la crainte que faisait régner les trafiquants était devenue intenable. Alors qui sont ces flics ? Somme toute des gens très normaux, avec leur quotidien personnel en filigrane d’un métier prenant, mais avec un pragmatisme, une vision de leur arrondissement et une analyse des problèmes rencontrés particulièrement incisifs. »