Au cœur de leur premier partenariat, Polaroid et l’agence Magnum cherchent à inspirer et faire émerger de nouveaux récits photographiques en défendant une vision de l’art fait d’imperfection.
Savourer les accidents, goûter à l’imprévu, rechercher la maîtrise plutôt que la perfection. C’est dans ce sens que Magnum et Polaroid souhaitent, pour leur premier partenariat, célébrer la photographie instantanée : médium d’excellence pour donner corps à cet « imperfectionnisme »
Pour inspirer de nouveaux récits photographiques, Polaroid a publié en 2024 un guide de l’imperfectionnisme. Quarante pages d’histoire, de conseils et de références qui rappellent que, dans une époque où « les produits numériques deviennent trop bons, trop sophistiqués, trop pratiques », la pratique de la photographie nécessite « de la curiosité et de voir les erreurs et les échecs comme des opportunités ».
Un chemin plus lent vers la maîtrise
C’est dans cette optique qu’a notamment été créé le Polaroid I-2, premier appareil instantané avec des commandes manuelles intégrées. Un boîtier idéal pour des photographes de l’agence Magnum qui, comme Enri Canaj, considèrent que l’authenticité vaut plus que la perfection. « Pour moi le plus important est de ressentir ou capturer un ressenti, pas de photographier quelque chose mécaniquement, témoigne le photographe albanais. Quand on ne contrôle pas quelque chose à 100 %, ça peut créer un effet de surprise » qui naît après « ce moment d’anticipation où on attend de découvrir ce qu’on a créé ». Un moment d’attente magique propre à la photographie instantanée.
Un constat partagé par Newsha Tavakolian qui considère que « l’imperfection est au cœur de l’expérience de tout photographe. Elle en est indissociable. » La photographe humaniste, qui met au cœur de ses projets la capacité de résilience des humains, savoure aussi les instants éphémères captés sans possibilité de les transformer. « Une fois que les négatifs sont exposés, métaphoriquement et littéralement, il n’y a pas de retour en arrière. »
« Le petit défaut qui ajoute une touche de magie »
Une philosophie de la photographie qui s’illustre dans les images que produisent ces photographes. « Une photo parfaite peut être vraiment ennuyeuse. Ce qu’on recherche c’est le petit défaut qui ajoute une touche de magie », lance Enri Canaj qui cherche dans ses images en noir et blanc à « s’inventer des rêves ». Une occasion pour le photographe Jim Goldberg d’ajouter que « la beauté n’est pas seulement dans les beaux moments ; elle est dans les moments que l’on ne peut pas prévoir, dans les erreurs, dans notre quotidien. Elle est partout. C’est ce que je crois vraiment. »
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