Le Festival, depuis 2016, donne une place importante à la photographie émergente avec le programme Tremplin Jeunes Talents. Le jury de Planches Contact, présidé par la photographe et réalisatrice Sarah Moon, a sélectionné cette année cinq candidats parmi les 410 dossiers reçus en provenance de 27 pays.
Les photographes du Tremplin Jeunes Talents sont accompagnés lors des résidences ainsi que pour le suivi de production. Deux prix accompagnent le Tremplin Jeunes Talents : le Prix du Jury, décerné lors du week-end inaugural et une résidence avec le Festival InCadaqués, ainsi que le Prix du Public remis à l’issue du festival. Le Tremplin Jeunes Talents est soutenu par la Fnac et par le festival InCadaqués.
Ousmane Goïta – Faire
La série Faire d’Ousmane Goïta est une exploration visuelle inspirée du dicton malien : « La place de l’homme est là où il trouve du travail à faire. ». Ousmane Goïta est allé à la rencontre de travailleurs français et étrangers s’étant déplacés pour accéder au travail qu’ils exercent en Normandie aujourd’hui. Chaque photographie se concentre sur les gestes au travail et la diversité des emplois occupés par ces personnes, allant des chantiers de construction aux salons de coiffures, des garages aux entreprises technologiques. Elles mettent en évidence les liens qui se tissent entre les travailleurs et leur environnement de travail, ainsi que les relations interculturelles et les échanges qui se créent.
Julia Lê – Come Rain Come Shine
Attirée par des thématiques proches de son vécu, Julia Lê touche au portrait dans une approche documentaire, dans une vision fragmentée de ce qui constitue un individu, une communauté, un espace – pour mieux explorer le rapport au corps et à la mémoire. Pour cette résidence, elle est allée à la rencontre des femmes de chambre des hôtels de la Côte Fleurie. À la fois ossature et armature des hôtels, les femmes de chambre travaillent dans l’ombre de leur propre labeur — souvent invisibilisées, stéréotypées, parfois dénigrées. Julia Lê leur redonne ici une voix, chacune face à l’objectif, déclencheur à la main.
Carlo Lombardi – Stands in Sadness Still
En fouillant les échos de la Seconde Guerre mondiale en Normandie, Carlo Lombardi vise à dépasser les faits historiques, la nostalgie et les mythes. À travers des histoires individuelles de civils, il met en lumière une réalité émotionnelle parfois fragmentée de l’Histoire.
Sa série Stands in Sadness Still fait référence au deuil interrompu qui a affecté les familles pendant des générations, façonnant la mémoire collective et l’adaptant au climat politique et social en constante évolution.
Isabelle Scotta – Anamnesis
Hors saison, la nuit, dans des allers-retours entre la ville, la plage et la forêt, Isabelle Scotta use le territoire et recherche une lecture nouvelle « du décor » de Deauville. Dans une atmosphère lumineuse et ténue à la fois, elle imbrique les différentes époques de la ville : architecture des villas, hôtels, intérieurs, elle relie la station balnéaire comme un studio de cinéma à ciel ouvert dans une ambiance fantasmagorique où quelques personnages fugaces apparaissent.
La série Anamnesis a été réalisée lors de sa résidence pour Planches Contact à Deauville en 2023. Elle évoque un monde hors du temps qui mêle sa mémoire à celle de Deauville et lui inspire une ville imaginaire, un récit cinématographique entre époque 1900 et monde contemporain.
Sidonie Van Den Dries – Playground Blues
Sidonie Van den Dries a arpenté la Normandie guettant des taches de couleur inattendues dans le paysage : celles des aires de jeux. Baleines et dragons, châteaux, bateaux de pirates et toboggans aux formes bizarres, les aires de jeu lui inspirent un curieux mélange de fascination et de nostalgie. « Faut-il voir dans ces installations posées sur le sable ou sur des dalles amortissantes une manifestation de notre tendance à surprotéger nos enfants ? Quelle place laissent-elles à la prise de risques ? L’imagination peut-elle se déployer dans ces décors figuratifs, qui déclinent les thèmes favoris des enfants tels que les conçoivent les adultes ? » Ce sont ces questions que la photographe soulève pour ouvrir le débat sur l’équilibre délicat entre nos désirs de sécurité et de liberté.
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