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Prononcé avec un léger accent anglais, sur les planches de Deauville, le titre “Double Entendre” du travail de Wang Lin, réalisé en résidence avant l’été, rajoute au décalage visuel déjà flagrant une touche d’exotisme, dès lors que l’on découvre que ces photographies sont prises par une ancienne hôtesse de l’air chinoise.
Prenant avantage de l’aéroport de Deauville Wang Lin retrouve son tarmac familier pour composer une nouvelle exploration de son aventure autobiographique. Comme un ange déchu qui ne peut plus voler, Wang Lin joue le jeu de « ça a existé » si cher à Roland Barthes : « je suis là et je ne suis plus là. » Entre la piste d’atterrissage et la plage, entre ciel et mer, entre le marin et l’aérien, entre le sens et l’absurde, avec délicatesse et sensibilité Wang Lin exprime son déchirement entre la pesanteur et la liberté.

Quelle est votre impression de Deauville entre ce que vous vous imaginiez avant de venir et la réalité une fois sur place?

Quand j’ai appris ma sélection pour une résidence à Deauville j’ai commencé par rechercher sur l’Internet des photos de la ville. Je me suis donc faite une image d’une sorte de villégiature en bord de mer, avec de l’air pur, une mer bleue, et des maisons comme dans les contes de fée, où les habitants et vacanciers portent des habits élégants et à la mode. Un vrai paradis, quoi. Je sais qu’il y a des salles de jeux et des courses hippiques mais ce monde est trop éloigné de mon expérience personnelle, donc dans mon imagination je ne vois ni hippodrome ni casino.
Lorsque je suis arrivé à Deauville par le train, c’est une jolie demoiselle qui est venue m’accueillir à la gare. Mon assistante n’a pu s’empêcher de s’écrier : une beauté typiquement française ! Au cours des huit journées de prise de vue cette jolie demoiselle ne nous a pas quittés d’un pas, de son dévouement je lui suis profondément reconnaissante.

Pour nous qui arrivons de Chine, Deauville est une ville toute petite, à peine quelques minutes de trajet en voiture séparent la gare de notre hôtel, mais tout de suite je tombe sous le charme de cette ville. Ici il n’y pas de gratte-ciels, ni de maisons de conte de fée, les mouettes qui volent dans le ciel en toute liberté atterrissent souvent pour se pavaner parmi les gens, et l’atmosphère des terrasses de café est à la fois tranquille et conviviale, tout est si ordonné ! L’aéroport de Deauville que je photographie est le plus petit aéroport que je connaisse. Un peu hors du temps, il me rappelle une sensation des années 80. Je voudrais le décrire comme une petite boutique, délicate et sans prétention. Hors saison, en dehors du nombre plutôt restreint de vols, on ne voit pratiquement personne dans cet aéroport.

En traçant un schéma succinct de l’état du lieu, le responsable de l’aéroport a pris soin de me marquer les endroits où je suis autorisée à photographier et les endroits où je n’ai pas le droit de le faire. En examinant de près ce plan j’ai eu envie de crier à haute voix : mais qu’est-ce que je peux photographier ? Quand il n’y a pas d’avion je peux photographier l’aire de stationnement, quand un avion atterrit je ne peux m’approcher qu’à 30 mètres de l’appareil. Il m’est possible de photographier les voitures des sapeurs-pompiers de l’aéroport, ainsi qu’un hangar abritant deux places de jet privé. Il m’est absolument interdit de photographier les voyageurs, et je n’ai pas eu plus de succès en demandant au personnel de l’aéroport de poser pour moi. En dépit de ses restrictions qui m’ont sérieusement réduit mon champ d’action, je lui suis tout de même reconnaissante d’apparaitre souvent à mes côtés lors de mes prises de vue, y compris de me prêter sa veste de sécurité lorsque je suis sur la piste d’atterrissage.

Ce sont précisément toutes ces restrictions et tous ces obstacles qui m’ont motivé à chercher d’autres façons d’aborder mon sujet, afin de réaliser ma vision personnelle de Deauville.

Biographie :
Wang Lin est née en 1973 à Tianjin, elle entre comme hôtesse de l’air à Hainan Airline en 1992. Elle démissionne en 2001 pour s’inscrire à l’Académie Centrale des Beaux-Arts de Pékin pour apprendre la photographie. Diplômée, elle reprend son job de personnel navigant avec la première compagnie aérienne privée de Chine Okay Airline. Entre 2005 et 2010 elle réalise son documentaire sur la vie des hôtesses de l’air avec des appareils de photo à pellicule et numériques. Elle expose son « Journal d’une hôtesse de l’air » au festival de Pingyao en 2011 et gagne un prix. Elle expose au Three Shadows à Pékin et remporte le prix Shiseido de meilleure photographe femme en 2012. Sa série « Stray Tulips » a participé au Festival de Photo à Phnom Penh et à Bilbao pour Getscophoto 2013. En 2014 elle est invitée au Festival Altitude 1000 de Rossinière en Suisse. En 2015 elle participe à un show collectif « New York Image of China » dans le Queens à New York.

FESTIVAL
Planche(s) Contact
Du 17 octobre au 29 novembre 2015
Double Entendre
Wang Lin
Commissaire d’exposition : Jean Loh
Ville de Deauville

France
http://www.deauville-photo.fr

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