Parmi les nombreux festivals de photographie qui ont fleuris ces dernières années, Planche(s) Contact a ceci de particulier que vous n’y trouverez pas d’images recyclées ou aperçues ailleurs et pour cause: Le maire de Deauville,Philippe Augier, à l’origine de nombreuses initiatives culturelles a souhaité dès sa création, proposer une rencontre photographique entre les photographes et sa ville.
Planche(s) Contact est donc un festival de commandes où déjà, une vingtaine de photographes de renom sont venus en résidence proposer leur vision d’un Deauville souvent loin du strass et des paillettes qu’on lui attribue volontiers. De Philippe Ramette à Sarah Moon en passant par Paolo Roversi ou Kourtney Roy, autant de regards, autant d’interprétations qui nous révèlent la cité balnéaire inscrite dans notre mémoire collective sous un jour nouveau.
L’Oeil de la Photographie : En 2010, la ville de Deauville a crée sous votre impulsion le festival Planche(s) Contacts. 5 ans plus tard quel bilan tirez vous de cette manifestation ?
Philippe Augier : Planche(s) Contact est le seul festival de photographie en France qui s’appuie sur des commandes publiques et donc une production artistique propre à Deauville. Un concept inédit à l’origine de son développement très rapide : les photographes sont séduits par cet espace de création et de diffusion et les passionnés de photographie aiment découvrir à Deauville des travaux inédits. Deuxième satisfaction : la Ville dispose aujourd’hui d’un formidable fond photographique qu’elle va pouvoir continuer de partager avec le public notamment à l’ouverture des Franciscaines, son futur équipement culturel. La photographie en deviendra l’une des composantes artistiques permanente. Enfin, troisième satisfaction, la participation enthousiaste de photographes locaux au Off de Planche(s) Contact qui rassemble en 2015 une quinzaine d’expositions.
ODLP : Votre coup de coeur sur ces 5 éditions? Quel artiste vous a le plus surpris dans sa restitution de la ville?
PA : Le regard de Filip Dujardin sur l’architecture de Deauville m’a beaucoup surpris, ses visions surréalistes des maisons, de leurs colombages, de nos toits… un jeu troublant dans lequel on cherche ce qui ne va pas, sans vraiment trouver…! J’ai été enchanté aussi par l’entrée du nu dans le Festival grâce à son maître, Kishin Shinoyama, par les explosions de couleurs de Harry Gruyaert, et l’atmosphère figée des photographies de Kourtney Roy.
ODLP : Comment vos administrés perçoivent-ils le regard que portent les artistes sur leur ville? Quelles sont leurs réactions? Comment les fédérez-vous autour du festival ?
PA : Beaucoup plus que nous ne l’avions imaginé, le travail réalisé par les photographes et les étudiants se fait en connivence avec les habitants qui donnent les clés de leur ville. Certains les embarque dans leurs passions, d’autres les guident. Beaucoup ont déjà posé. Tous, le jour J, viennent voir comment des artistes venus du monde entier perçoivent et restituent en images leur vie et leur mémoire.
Ils sont nombreux aussi à donner leur vision de Deauville lors du concours de la 25e heure qui se déroule le soir du vernissage. Ce concours est lui aussi axé sur l’imaginaire de chacun, car il s’agit de donner sa vision d’une heure qui n’existe qu’une seule fois par an, au moment du passage à l’heure d’hiver.
ODLP : Vous invitez chaque année des étudiants d’écoles d’art europénnes. Leurs pratiques artistiques contemporaines tranchent souvent avec l’image glamour de Deauville véhiculée par Lartigue, Capa ou les photographes de mode. Est ce un Deauville plus en phase avec le monde moderne que vous souhaitez transmettre et montrer par le biais de ces démarches photographiques?
PA : Ce sont les photographes du futur et c’est en tant que tel que nous les invitons. Il n’y a aucune recherche de modernisation de notre image ou de nos réalités. D’ailleurs, certains sont classiques dans leur approche…
ODLP : Vous avez crée dès l’origine du projet Planche(s) Contacts, une collection photographique pour la ville. Les productions des artistes exposés intègrent-elles la collection? Comment la partagez-vous avec le public? Comment est-elle amenée à évoluer?
PA : Les photographies exposées pendant le Festival intègrent le fond de la Ville de Deauville. Certaines sont installées dans les lieux de travail de la Ville (salles de réunion ou bureaux), les autres sont conservées. La collection que nous avons constituée sera l’une des composantes artistiques de notre futur lieu de vie et de culture, les Franciscaines qui ouvrira à Deauville à l’horizon 2018. Ces collections y seront accessibles de différentes manières, car le lieu se prête à l’exploration personnelle parmi des milliers de documents de toutes natures. Une exploration facilitée par des univers scénarisés, où chacun pourra créer son parcours. On pourra par exemple, dans l’univers de la mémoire de Deauville retrouver les travaux réalisés par Lars Tunbörk lors du G8 de Deauville, ceux de Charles Freger dans l’univers cheval, etc. Les œuvres pourront aussi faire l’objet d’expositions temporaires.
ODLP : Y a-t-il une fierté des Deauvillais à posséder cette collection?
PA : C’est une fierté pour les Deauvillais d’être – eux-mêmes ou leur ville – regardés, photographiés par les plus grands photographes internationaux. C’est une fierté pour nous tous que les plus grands photographes aiment travailler ici et s’y plaisent. Certains reviennent en visiteurs à chaque édition du Festival. Les Deauvillais aiment que leur ville continue d’être un lieu de création parce que c’est son identité depuis 150 ans et c’est l’une des raisons de son attractivité.
FESTIVAL
Planche(s) Contact
Du 17 octobre au 29 novembre 2015
Ville de Deauville
France
http://www.deauville-photo.fr