Jouer veut dire mener ses enchères. Il s’agit de faire jouer le monde, en prenant sa distance, en le mettant entre parenthèses. Ou encore, utiliser le monde, utiliser la réalité pour en inventer d’autres, parallèles, qui obéissent à des règles différentes, arbitraires, tellement plus définitives justement parce qu’elles sont arbitraires.
Quand nous pensons au jeu, l’image la plus commune qui vient à l’esprit est celle des enfants. Mais au fond, nous savons que nous ne cessons jamais de jouer, quel que soit notre âge, et que bien souvent, pour survivre, nous sommes obligés de réellement vivre la vie comme si elle était un jeu.
Pour un photographe, qu’est-ce que cela veut dire de photographier le jeu? En fait, on ne peut pas vraiment photographier le jeu, de même qu’on ne peut pas photographier l’amour: on ne peut que prendre des photos d’amoureux. On ne peut aussi que montrer des gens en train de jouer. La photographie elle-même peut être un jeu, ce qui heureusement a souvent été le cas pour moi.
En choisissant cette série de photos prises au fil du temps, un journaliste comme moi réagit à des situations et des formes, qui d’une manière ou d’une autre racontent et évoquent ce que l’expérience de la vie a déposé dans notre imagination consciente, surtout pendant l’enfance. Dans les quelques photos – ou peut-être sont-elles trop nombreuses -choisies pour cette exposition, il me semble reconnaître l’acte de prendre des photos de personnes qui jouent comme un désir peut-être nostalgique de redécouvrir ce paradis (qui peut aussi être un enfer) d’abandon existentiel à ce que l’on fait, cette absorption totale dans le présent dans lequel on vit.
EXPOSITION
At Play
Ferdinando Scianna
Du 30 mai au 3 juillet 20016
Sale Affrescate
Palazzo Comunale
Piazza Del Duomo
51100 Pistoia
Italie