Les photographies occupent une place particulière dans les pratiques mémorielles modernes : elles sont destinées à capturer la fragilité d’un moment et à le préserver de la manière la plus reconnaissable possible. Certains artistes, cependant, choisissent délibérément des formes de mémorialisation plus abstraites.
En 2015-2016, Geraldine Frisch a photographié une usine abandonnée peu avant sa démolition. Le lieu avait absorbé les souvenirs de son passé et les murs parlaient de son histoire. Par ses choix d’angles et de cadrages, le monde visible revêt un caractère énigmatique. En même temps, et à la lumière de sa propre expérience de vie, Frisch réfléchit à ce que signifie avoir des racines dans un lieu et à la manière dont les frontières se déplacent en raison des bouleversements politiques. L’idée de déplacer les frontières préoccupe également Magdalena Jetelová. En 1992, elle s’est rendue en Islande pour tracer la dorsale médio-atlantique avec un faisceau laser. La chaîne de montagnes marque la faille où, il y a des millions d’années, les plaques nord-américaine et eurasienne se sont séparées. Au moyen d’une simple ligne tracée quelque part au milieu de nulle part, l’artiste met en lumière l’absurdité du marquage des frontières. Parallèlement, en 1997, Hiroshi Sugimoto porte son attention sur les bâtiments emblématiques. Vus à travers son objectif, leurs contours se dissolvent et se détachent de leur contexte temporel jusqu’à paraître perdus dans le temps.
Les abstractions photographiques comme celles-ci jouent avec notre perception et sont analogues au fonctionnement de la mémoire et de la compréhension humaines – elles aussi sont peu claires et floues, ce qui les rend également ambiguës et ouvertes à l’interprétation.
Commissaire : Franziska Kunze
Abstract Horizons
14 juin au 8 septembre 2024
Pinakothek der Moderne
Salle 26
Rue Barer. 40
80333 Munich, Allemagne
www.pinakothek.de
