Mon oncle Pierre était un homme rempli d’humour et d’espièglerie, une sorte de version impossiblement drôle et séduisante du Puck de Shakespeare (esprit malicieux du Songe d’une nuit d’été, NdT). L’âme sauvage, rayonnante, folle, magique de Pierre, et sa beauté dévastatrice, furent une source d’inspiration pour tous ceux qui le connaissaient et changèrent la vie de ceux qui l’aimaient.
Plus jeune, enfant, du côté maternel de ma famille, il fut le petit frère, le rebelle espiègle, celui qui pouvait se permettre toutes les choses qui nous effrayaient trop pour oser faire, l’inspirateur ; il nous charmait et nous donnait à chacun toutes les raisons de l’aimer un tout petit plus que nous n’aimions les autres.
La plupart des gens, quand ils visualisent une famille, lui donnent la forme d’un arbre. Les branches étendues majestueusement vers l’extérieur, les racines fermement enfoncées dans le sol. Mais en réalité, une famille est une structure fragile, plus proche d’un château de cartes. Imbriquée et procédant d’un équilibre délicat, elle peut s’effondrer si une seule carte est ôtée. Parfois, si les cartes les plus à l’extérieur disparaissent, la structure reste intacte, mais celles situées au cœur de la structure sont vitales pour sa survie. Dans notre famille, Pierre était l’une de ces cartes du centre. Quand il mourut soudainement à l’âge de 40 ans en 1986, alors qu’il était sorti faire son jogging quotidien dans Paris, notre famille s’effondra avec lui.
Pierre était un photographe qui travaillait essentiellement dans l’industrie de la mode. Il fit partie de la vague de créateurs français qui inonda New York au début des années 70. Ils arrivèrent armés de leur accent typique et d’un charme qui mit la ville à leurs pieds. Les meilleurs amis de Pierre finirent par devenir certaines des figures créatives les plus connues et emblématiques de leur génération : Patrick Demarchelier, Jean-Paul Goude, Gilles Bensimon, Josie Borain, Bill Cunningham, Christie Brinkley, Janice Dickinson… La liste est sans fin. S’il n’était pas mort brutalement, il aurait certainement sa place parmi ces légendes.
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EXPOSITION
PIERRE HOULES- Life’s Too Short
Jusqu’au 21 juin 2014
Myriam Bouagal Galerie
20, rue du Pont-aux-Choux
75003 Paris