A propos de ces images, réalisées un de ces jours où le soleil est bas, dans la fosse du métro Opéra, il faudrait dire en premier lieu qu’il était absolument nécessaire de documenter, aucunes recherches sérieuses n’existaient, le spectacle contemplé par ces esclaves enchaînés dans la fameuse allégorie de la caverne, pauvres êtres réduits à visionner sans fin les fonts baptismaux de la Camera Obscura et à jamais privés du vrai monde qui se situe forcément ailleurs, dans l’Outre paraît-il.
Or les enregistrements rapportés semblent avec évidence contredire l’hypothèse. Les ombres, comme les apparences ne sont pas muettes, elles parlent un peu, à leur façon, à qui sait les écouter et c’est peut-être cela qu’ont entendu les cobayes du philosophe, un soulagement inespéré à leur supplice.
En second lieu et en souvenir de Peter Schlemihl, il est assez encourageant d’observer qu’en notre siècle- mercantile-tout-court, de nombreuses personnes persistent à rester propriétaire de leur ombre.
Enfin un dernier point pour relancer le débat sous la forme d’une question, peut-on honnêtement reprocher à un photographe de se soucier des ombres ?
Pierre Chiquelin
