Courant majeur de l’histoire de la photographie, le pictorialisme a permis le passage du naturalisme du XIXe siècle au modernisme du début du XXe siècle.
Lors de sa divulgation en 1839, la photographie est apparue comme un miracle permettant de fixer sur un support transportable et diffusable une image reflétant, avec une exactitude inégalée jusqu’alors, ce que l’œil seul pouvait voir. Pendant près d’un demi-siècle, la photographie restera cantonnée dans ce rôle de témoin indiscutable d’une réalité prosaïque.
Contestant cette simple fonction de reproduction du réel, des amateurs éclairés, des artistes et des professionnels se regroupent en Europe et aux États- Unis afin d’explorer les possibilités créatives de ce jeune média.
Ne s’interdisant plus d’interpréter et de transformer l’image capturée par l’objectif (dont le nom n’est pas un hasard), les pictorialistes vont peu à peu imposer la notion d’art en photographie permettant ainsi l’éclosion d’un moyen d’expression esthétique à part entière.
Les négatifs des débuts de la photographie étaient soigneusement retouchés avant d’en tirer des positifs, tous identiques. Les pictorialistes feront l’inverse en tirant, à partir d’un même négatif, des épreuves souvent très différentes les unes des autres, leurs visées étant exclusivement artistiques et non plus réalistes.
C’est ainsi que l’essentiel du travail créatif s’effectue au laboratoire: préparations chimiques complexes, mise au point de papiers les plus divers, utilisation de techniques et d’outils de peintres, tout est bon pour dépasser la froideur analytique du négatif et produire, par des moyens artistiques, une vision émotionnelle et, par là même, synthétique de l’image.
En cela, les pictorialistes apportent à l’image photographique une dimension nouvelle: celle de l’onirisme, du rêve, des capacités fictionnelles que l’interprétation créative de l’auteur offre aux spectateurs. Par rapport aux autres formes d’art, la possibilité de projection et d’identification de ces derniers est d’autant plus facilitée que la base de l’image vient incontestablement du réel.
Par leurs innombrables recherches sur l’esthétique de l’épreuve positive comme par leur enthousiasme à communiquer et à partager leur expérience et leurs découvertes, les pictorialistes seront à l’origine de théories générales de la composition et de l’interprétation des images qui ouvriront la voie à la modernité photographique du XXe siècle.
Pictorialisme
27 octobre – 1er décembre 2018
Galerie 291 Paris
32, rue de la Gaîté
75014 Paris