Photomed – La nouvelle vague libanaise entre nostalgie et poésie
Entre ombres du passé et Liban d’aujourd’hui, à construire ou à reconstruire, les sept photographes présentés à la galerie Ex-Maqam dans le quartier aseptisé de Saifi Village au centre de Beyrouth représentent la “jeune” génération, bien que certains approchent la quarantaine.
Nés pendant la guerre civile libanaise (1975-1990), leur photographie est influencée par cette période qui fut parfois pour eux synonyme d’exil, de pertes et par une nostalgie d’un temps passé et d’un Liban heureux qu’ils n’ont en fait jamais connus. Artistes, ils créent un monde personnel qui fait souvent écho à celui qui les entoure. Caroline Tabet perd la vue dans un Beyrouth qui disparaît peu à peu à force de destruction. Seuls restent les ombres, les contours et les couleurs comme passées à l’aquarelle… Du flou artistique et recherché de celle qui est aussi réalisatrice, nous plongeons dans la tasse de Lara Zankoul, benjamine de l’exposition du haut des ses 26 ans. Féérie, poésie, mais aussi fuite en avant, pour celle qui préfère être la tête dans les nuages que les pieds sur terre, à la recherche d’un monde meilleur.
De quoi se préserve-t-elle ? De cette solitude qui semble hanter la libano-autrichienne Tanya Traboulsi ? Photographe de l’intime et des émotions, elle se révèle dans des autoportraits en miroir au ton presque sépia, pleins de froideur mais qui nous interpellent dans notre propre isolement.
Au détour de la salle, nous voilà nez à nez avec Emile, gardien du palais Linda Sursock, une des grandes familles libanaises. Rôdeur à l’allure chétive, il embarque ses visiteurs dans une rêverie onirique sur fonds de façades néo-mameloukes, dans l’objectif macabre de Joanna Andraos qui manie avec génie l’art du clair-obscur. La balade se poursuit, et toujours ses ombres qui nous suivent, celles d’Emile Issa sont coincées entre blessures et destructions de son pays et espoir d’un avenir meilleur à travers la femme éternelle qui évolue dans sa série « Le Projet Shadows ».
Ghadi Smat et Mazen Jannoun complètent ce tour d’horizon de la jeune génération libanaise en nous présentant le Liban d’aujourd’hui. L’un en arpentant une république « qui n’a pas gagné en maturité depuis sa conception » dans une photographie plus documentaire qu’artistique. L’autre en parcourant son pays bordé du nord au sud par la Méditerranée. Sans nous tromper nous pouvons reconnaitre ces plages aux couleurs éclatantes quand face à nous se trouve l’un des plagistes à la chicha qui peuplent la côte libanaise. L’éventail est varié, incomplet, dans un pays riche en photographes qui luttent pour développer leur art tant la culture n’est pas la priorité d’un pays qui peine à trouver un fragile équilibre mais qui nourrit de fait leur créativité.
FESTIVAL
Photomed
Du 17 janvier au 16 février 2014
Galerie Ex-Maqam, Saifi Village
Beyrouth
Liban