Photomed – Fouad Elkoury, mémoire du Liban
La carrière de Fouad Elkoury débute pendant la guerre civile libanaise (1975-1990). A l’occasion de Photomed, le photographe né en 1952, s’est replongé dans cette période de sa vie professionnelle et personnelle. « Compiler, comme chacun le sait, est le propre des retraités. Alors j’ai choisi des images au hasard, et je me suis plu à inviter quelques amis », écrit-il dans le texte de présentation de l’exposition qui se tient à la SV Gallery dans le centre de Beyrouth. Nous nous contenterons de ces quelques mots, à défaut de pouvoir rencontrer le photographe absent car affaibli. Heureusement, Fouad el Khoury est bavard dans ses légendes, parfois humoristiques, remplies d’anecdotes.
Violence de la guerre et individus se mêlent dans ses clichés, dont certains ont fortement ancré dans les consciences l’image d’une ville de Beyrouth détruite. Comme celle de la place des Martyrs, ancien cœur historique de la ville, aux immeubles en ruines, avec en son centre la statue de ces Libanais morts pour la jeune république, finalement bien seuls au milieu des débris. Fouad el Khoury documente la guerre civile, le plus souvent en noir et blanc. Les check-points, passages obligés entre l’est et l’ouest divisés, mais aussi les déjeuners sur l’herbe, ou ces deux femmes, alignées presque symétriquement dans la chaleur de l’été 1984 et qui bronzent en plein cœur du quartier de Portemilio de Beyrouth, faisant presque oublier le conflit qui dure et s’éternise.
Après cette période, Fouad Elkoury continue la photographie, mais explore un champ plus esthétique, surréaliste entre rêve et réalité. Expérimentant les compositions en diptyques ou triptyques, touchant à l’écriture et à la vidéo. Il est l’auteur prolifique de dizaines d’ouvrages ayant le plus souvent trait à la photographie (Beyrouth aller-retour, Palestine, L’envers du miroir et plus récemment Be…longing, récit de plus de 40 ans de photos). Il participe également à la création de la Fondation arabe pour l’image à Beyrouth en 1997, questionnant la photographie, les médias et leur pouvoir déformant. Il voyage, du Caire à Istanbul, de Marseille à Djibouti. Aujourd’hui le plus connu des photographes libanais continue d’être exposé à Paris, Dubaï ou Beyrouth, il continue aussi d’expérimenter, loin de cette image de photographe de la guerre libanaise qui lui colle à la peau, comme il l’écrit lui même : « C’est l’archive qu’on réclame. Me voilà donc forcé de me pencher sur mon passé, de me confiner dans le passé ».
FESTIVAL
Photomed
Du 17 janvier au 16 février 2014
Beyrouth
Liban
http://www.festivalphotomed.com/index.php/lib/Photomed