Il y a de ces jours où conduire m’est vital. C’est presque une libération. Le temps de faire le tour, jusqu’au rond-point ou jusqu’au pont, fenêtres ouvertes, bras ballant, avant qu’il ne faille rentrer, revenir à la réalité. Il ne s’agit que d’une seconde ou deux, lorsque l’un de nous dépasse l’autre et que j’ai un millième de seconde pour jeter mon œil curieux attiré par une main, un visage, une lumière, qui font que mon cœur batte très fort, que mon cerveau m’ordonne de partir à la chasse. A la chasse oui. De l’imagination, de la mémoire. « Où vas-tu ? », ai-je envie de lui dire, « qui es-tu ? ». Il y a cette infime tension, entre privé et public, une transparence presque opaque, une rencontre presque parfaite. «… Le monde est bien décevant vu dans une perspective générale, vu dans le détail il est toujours une évidence parfaite. Il y a toujours un instant à saisir, ou l’être le plus banal donne à voir son identité secrète… », dit le philosophe Jean Baudrillard.
Clara Abi Nader
Lieux d’exposition
Clara Abi Nader, Driving the car
Photomed 2017
18 janvier – 8 février 2017
Rue Mgr Toubia Aoun
Marfaa D5. imm 1301. 5ème étage
Centre ville, Beyrouth
Liban