Depuis plus de quinze ans je butine, de brocante en marché aux puces, des cartes postales semi-modernes sur la thématique des bords de mer. Cette collecte émane d’un écho à mon travail photographique sur les stations balnéaires abandonnées en hiver, Nulle Part, et à une fascination pour le film de Jacques Tati, Les vacances de Monsieur Hulot.
Ce qui m’interpelle dans ces images c’est à la fois l’état émanant de la fonction de témoignage d’un lieu, sous-entendu : “nous y étions”, de transmission d’un message souvent lié aux loisirs, aux vacances, à une intervention photographique banalisée et sans autre motif qu’une illustration « positive et ensoleillée » d’un moment de bonheur dans un site donné. En y regardant de plus près, ces photographies sont de vraies sources d’informations.
Elles ont une singularité propre et surtout elles témoignent de leur époque. Le paradoxe est que ces photographies furent éditées et reproduites en milliers d’exemplaires, exposées à la vue de centaines et centaines de regards sur des tourniquets de vendeurs de souvenirs sans que l’on y fasse véritablement attention. Ces images ont donc rempli une fonction : colporter l’écrit. Le fait aujourd’hui de s’arrêter sur ces visuels, de les décontextualiser en encadrant une carte postale comme un tirage photographique, en grossissant un détail pour en faire un grand format, en répétant le même point de vue, ou la même scène prise à des moments différents, permet de créer un signe fort sur ce qui semble commun, banal. C’est cet aspect plastique qui permet de porter un nouveau regard sur ces images usées par le temps mais si présente dans nos esprits.
Patrick Tourneboeuf
FESTIVAL
Photomed 2014
Jusqu’au 15 juin 2014
83110 Sanary-sur-Mer
France
http://www.festivalphotomed.com